Le propos de ce film tourne tout entier autour du quotidien d'un duo de flics patrouillant dans les quartiers chauds de Los Angeles. L'action se partage entre interventions chez l'habitant, longs dialogues en voiture, fusillades dans la rue et scènes de camaraderie virile entre représentants de l'ordre, donnant parfois l'impression d'une simple succession de situations sans réel souci scénaristique. Le passage incessant entre plan à la première personne et cadrages plus classiques n'aidant pas à donner une impression de cohérence à l'ensemble. Pourtant l'idée de filmer certaines scènes en format "reportage" fonctionne plutôt bien parfois et donne l'impression d'être dans un FPS ultra-réaliste (cf. la dernière scène d'action du film), mais la transition avec les moments plus intimistes fait penser à un montage fait à la va vite plutôt qu'à un parti-pris esthétique.
Ainsi la trame scénaristique semble bien faible comparée à l'envie du réalisateur d'en montrer un maximum, quitte à tomber dans l'excès. Certaines images bien gores auraient peut-être gagnées en force avec un peu plus de finesse (d'autant plus qu'elles évoquent les méthodes des cartels mexicains, thème qui aurait pu être creusé plus avant, notamment au travers du policier mexicain bien campé par Michael Pena). De même, certaines scènes semblent bien artificielles mais "nécessaires" pour amener le récit à son terme et un peu ridicules, notamment lorsqu'elles exaltent l'héroïsme des policiers (les corps prostrés à la fin façon Piéta antique, au secours!).
En somme "End of Watch" n'est pas un mauvais film, l'ensemble est bien rythmé avec des moments de tension bien rendus grâce à cette impression de reportage de guerre. Les acteurs y sont tous assez crédibles (Gyllenhaal en fait un peu trop parfois) mais souffrent d'un grand manque de profondeur de leurs personnages qui sont parfois clairement caricaturaux (cf. le gang de mexicains).
Pour ceux qui apprécient les histoires de gangs et les embrouilles de rue filmées au plus près de la réalité, ils préfèreront dévorer la série The Shield dans laquelle la frontière entre bien et mal n'est pas aussi simpliste qu'ici...