Alors que Hollywood croule sous les nombreuses déclarations d'amour au cinéma et le retracement d'histoires de jeunesse, Sam Mendes rejoint à son tour ses partenaires cinéastes avec Empire of Light en faisant du cinéma et de ses salles le lieu principal de son neuvième long-métrage.


Si 1917 était un puissant film sur l'espoir et un hommage aux souvenirs de son grand-père (vétéran de la Première Guerre Mondiale), Empire of Light sonne à son tour comme un nouveau portrait implicite d'un membre de sa famille au travers de l'actrice Olivia Colman. Ce rattachement personnel aux souvenirs familiaux est ce qui donne tout l'aspect intime et émouvant de l'histoire d'amour qui est au cœur du récit, mais est ce qui donne également sa limite en s'ancrant dans un mélodrame parfois poussif au milieu d'une multitude de sujets malheureusement traités en surface (politique, psychologie, racisme, cinéma…).


Pourtant, le début du film donne à voir une proposition tout-à-fait séduisante ; porté par la photographie magnifique et soignée de Roger Deakins et les douces notes de piano de Trent Reznor et Atticus Ross, les séquences montrent avec une grande délicatesse les couloirs et salles vides de l'Empire avant d'être submergés de lumières, de vies et d'émerveillement. À l'heure où le cinéma semble de plus en plus menacé par l'omniprésence des plateformes de streaming, la proposition n'en est que plus porteuse de sens ; filmer la puissance du cinéma afin de contrecarrer la crainte des cinéastes de sa disparition.


Mais Empire of Light semble se penser autant comme un énième hommage au cinéma que comme un véritable portrait d'époque. Autour de cette multitude d'intrigues en résulte donc une volonté de vouloir bien faire, mais face à ce trop-plein, Mendes n'aborde finalement pas grand-chose et finit par perdre le spectateur. Si sa mise en scène est certes toujours pourvue d'une forte puissance émotionnelle par le mélange d'une grande simplicité et d'une grande maîtrise - que ce soit au travers d'un plan ou d'une situation - cela ne suffit pas à couvrir un récit qui semble quant à lui incapable de connecter ses différents sujets entre eux. Tout se confond et se succède en permanence sans réel développement ni mise en harmonie et bien qu'une indéniable sincérité se dégage de l'œuvre, son fonctionnement partiel ne fait que rendre cette dernière malheureusement très, trop bancale.

Luca-hiersDuCinema
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le 12 avr. 2023

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