Inspiration torrentielle

Écarquillés et fiévreux, les yeux d'Emily nous plongent dans les méandres ayant nourri l'inspiration ravageuse de l'autrice des Hauts de Hurlevent, son seul roman publié juste avant sa mort précoce.

Le film est un flashback qui remonte à quelques années plus tôt, alors qu'Emily détonne du cadre familial, peinant à trouver sa place entre sa sœur Charlotte, institutrice, son frère Branwell venant de rentrer à l'Académie des Arts et leur père, le pasteur du village. Passionnée et occupée par les histoires qu'elle invente avec sa plus jeune sœur Anne, Emily respire la nature sauvage dans laquelle elle passe tout son temps, son terrain de jeu, une de ses sources d'inspiration.

Véritable ode à la création, à la nature et à la passion, ce biopic généreusement nourri par un romantisme ampoulé, met nos sens en éveil. Happés par l'étendue du paysage, c'est comme si nous aussi nous étions chahutés par les rafales de vent. Une attention particulière est attribuée au son, notamment la BO piano est exquise. D'ailleurs, l'absence de son à un moment particulier du film est un des temps forts du film, qui nous plonge dans la tête d'Emily. Enfin, la pluie est un élément qui revêt une dimension symbolique - ludique, sensuelle puis salvatrice.

Biopic inspiré de la vie de la jeune autrice Emily Brontë, le film mise tout (et trop) sur une source d'inspiration particulière: l'amour avec le vicaire Weightman, en reprenant les codes de l'amour au cinéma, sans grande ingéniosité. Néanmoins, les relations de sororité ainsi que celle avec son frère sont plus travaillées: il en ressort de grandes forces contraires, faisant alterner imitation, fascination, mais aussi répulsion. Deux pôles émergent entre son frère et sa soeur - la vie d'artiste toujours sur le fil de la décadence, nourrie à l'opium, la boisson, le plaisir vs la vie rangée, complaisante et terne - autour desquels Emily gravite pour mieux les dépasser.