La morale de l'œuvre se tient à un des dialogues tirés du film : « Je peux prendre soin de toi mais je ne peux pas te soigner. » Voilà une phrase éminemment sarcastique. Le spectateur comprend assez tôt qu'il regarde un produit strictement compassionnel. Aucun fil rouge ne guide le scénario, on suit les aventures disneyennes de l'homme éléphant à travers le mépris ouvert de la basse société, la commisération hypocrite de la haute. La figure du protagoniste représente littéralement le seul attrait de l'œuvre, provoquant la pitié du spectateur face aux différents regards auxquels John Merrick est confronté. Cela dit, il m'est impossible de m'émouvoir à propos des handicaps tant il est aisé de répondre à ces souffrances immuables, la solution étant connue de toute éternité, et figurait déjà dans la Rome antique, mentionnée dans la loi des Douze Tables : « cito necatus insignis ad deformitatem puer esto ». Au-delà de la morale ignominieuse et la mièvrerie scénaristique, il convient également de mentionner le manque de vraisemblance quant à l'intellectualité d'elephant man, la pauvreté des dialogues, le déguisement douteux du monstre, la lenteur rythmique. Mais puisque le film n'est pas sans rappeler les longs métrages d'animation Disney, cette puérilité qui se dégage de l'œuvre permet d'absorber rapidement son contenu, rendant par conséquent le visionnage d'un moindre désagrément que ce qu'il aurait dû effectivement susciter.