Elephant par AntoineRA

Elephant ressemble à un projet d'études de la part de Gus Van Sant, non pas parce qu'il a un rendu amateur, mais pour cette propension à se saisir d'un fait réel, et d'expérimenter avec la construction narrative et la mise en scène pour en faire une œuvre plus mémorable pour sa technique que son récit, quand bien même il se base sur la fusillade de Columbine. Cette tragédie pèse sur le film qui ne plonge pas, pour autant, dans le spectacle macabre, mais oscille autour en suivant différents personnages et leur quotidien à l'orée de ce point de basculement. Il n'y a pas d'indication temporelle ; ainsi, on revient parfois en arrière, et on le comprend alors que l'étudiant au centre de l'image traverse un scène déjà vue sous un angle différent. La plupart des prises sont en plan séquence et confèrent un aspect cinéma-vérité, d'autant plus que l'acting est improvisé. Cela crée un puzzle du quotidien et des vies qui se croisent sans que l'on y prête attention, chacune étant la banalité d'une autre. Il y a un certain hypnotisme qui ressort de ce montage, déjà de par le ratio en 1.37, mais également dans la légèreté des cheminements de la caméra, très naturelle, que l'on suit alors avec une curiosité voyeuriste.