J'avoue ne pas explorer souvent le cinéma russe contemporain, et c'est un tort car on peut tomber sur du très bon à l'instar de cet "Elena"...
D'abord j'ai été surpris d'y entendre une musique qui a pleinement la patte très caractéristique de Philip Glass. Normal puisque le compositeur de la BO n'est autre que Philip Glass lui-même mais j'ai tout simplement été très étonné de le voir ici ; mais son style colle parfaitement avec l'atmosphère de l'oeuvre d'Andreï Zviaguintsev.
Bon autrement, ici plus que le portrait d'une femme ou un drame ayant quelquefois fois l'allure d'un thriller, c'est plus l'autopsie d'une société que nous montre Zviaguintsev. Dans la Russie actuelle, il y a les nantis et il y a les autres. La protagoniste elle, se situe entre les deux, servant d'intermédiaire, fragile, au spectateur entre ses catégories totalement opposées ou a-priori totalement opposées car prêtes aussi bien l'une que l'autre à commettre le pire, car l'une ne valant pas mieux que l'autre dans une société où l'important est l'argent et la réussite affichée, sans parler de la corruption bien évidemment...
On ne ressent pas non plus ni une pleine antipathie, ni une pleine sympathie, pour les personnages ; excepté peut-être la fille d'un précédent mariage de l'époux d'Elena, pourtant d'un premier abord peu sympathique, parce qu'elle semble hors des "fondamentaux" de cette société, aucun ne rattrape véritablement l'autre.
La longueur et la langueur des séquences peuvent surprendre mais on finit par s'y laisser prendre et puis la finesse de l'écriture et le soin apporté à la réalisation achèvent d'en faire un film à voir absolument.