Une tour qui s'effondre

Gustave Eiffel, à l'apogée de sa carrière après avoir participé à l'élaboration de la Statue de la Liberté, est chargé par le gouvernement de créer quelque chose de fort et de symbolique pour l'exposition universelle de 1889, qui sera donc la tour Eiffel. Mais cette construction va être influencée par le retour d'un amour de jeunesse.

Eiffel est le projet rêvé d'une productrice, Vanessa Van Zuylen, qui s'est battue durant près de 25 ans pour que le film se fasse. Et je me dis tout ça pour ça ? Bien qu'il n'en soit aucunement fait allusion, c'est un biopic énormément romancé sur la construction de la tour Eiffel, où plusieurs personnages importants sont disparus, tout cela pour mettre en avant le génie de l'architecte ainsi que sa liaison, elle aussi inventée, avec un amour de jeunesse croisée à Bordeaux bien des années plus tôt.

Je dois dire que que j'ai trouvé ça consternant, non pas de recréer une réalité, après tout le cinéma n'est pas une page Wikipedia, mais dans le fait qu'il n'y a jamais le souffle. On ne ressent pas le vertige dans les plans où la tour commence à être créée, ni la ferveur, tout est ramené à cette histoire d'amour d'un ridicule sans nom. Même si dans la réalité Romain Duris et Emma Mackey ont plus de 20 ans de différence, ça ne se voit pas vraiment avec le côté juvénile du premier, mais on ne sent pas vraiment une flamme entre eux, avec des scènes trop mécaniques. Pour un projet quasi vendu comme étant le Titanic français, qui a coûté la peau des rouleaux, ça fait mal de voir une telle entreprise résumée à une bluette dont au final le A de Adrienne (la jeune femme en question) donnerait la forme de la tour Eiffel est ridicule.

Quant à ses enfants (il a en 5), on ne voit que sa fille ainée, sur le point de se marier, Pierre Deladonchamps (l'époux du personnage de Emma Mackey) n'existe pas, la réalisation se veut fonctionnelle au possible... C'est à la limite du catastrophique s'il n'y avait pas ces quelques scènes, les plus passionnantes, où Gustave Eiffel doit défendre la viabilité du projet, face aux investisseurs ou aux employés, qui là m'apprennent quelque chose. Parce que pour le reste, n'est pas Titanic qui veut...