Un nouvel espoir

Impressionnant et grandiose, tels sont les adjectifs qui qualifient au mieux le nouveau film de Martin Bourboulon. Eiffel est une expérience cinématographique made in France assez unique qui a les épaules assez larges pour marquer un tournant dans l’histoire du cinéma français. Après une décennie sombre à naviguer dans des eaux si troubles qu’elles pourraient être comparées à une fosse septique, Eiffel arrive tel un messie qu’on n’attendait plus de par l’ambition que porte le film.

Je n’avais plus vu une telle ambition dans un film français depuis La Rafle en 2010. C’est d’ailleurs quelque chose qui a réellement manqué au cours de la dernière décennie et on se réjouit de voir qu’une poignée d’irréductibles ont enfin décidé de – pardon my french – mettre leurs couilles sur la table pour offrir une production digne d’une major américaine.

Tout fonctionne dans Eiffel. La production design est d’une qualité renversante. Les décors, les costumes et les effets-spéciaux sont grandioses et garantissent une immersion au coeur du 19ème siècle. La scénographie et la photographie sont également impressionnantes et offrent des plans et des séquences épiques. C’est lisse, c’est propre, c’est beau. La musique est soignée et digne de grands films hollywoodiens, ce qui vient sublimer l’immersion dans le métrage mais également la tension de certaines séquences jouant contre le temps. Certains sons de métronome rappelleront aisément le travail de Hans Zimmer sur des oeuvres de Christopher Nolan. Le produit final est techniquement parfait et a cette vocation de plaire non seulement à un public issu de la francophonie mais également du monde entier. C’est un film qui a la force de savoir s’exporter à l’international que ce soit dans des marchés tels que les USA ou la Chine.

Du côté du scénario et de l’interprétation de chaque personnage, Eiffel joue également dans la cours des grands avec une histoire solide et lisse dans laquelle on se laisse aisément emporter. Romain Duris signe l’un des meilleurs rôles de sa carrière en interprétant le célèbre ingénieur et Emma Mackey s’offre un nouveau tremplin pour l’évolution de sa carrière qui tombe à pic. Romancé à l’extrême et « très librement » inspiré des faits réels, Eiffel se distingue des biopics classiques en offrant une (re)lecture alternative de la genèse du projet de la Tour Eiffel. Les férus d’Histoire crieront au scandale tandis que les fans de romance et les amateurs de récits ayant façonné l’histoire contemporaine se régaleront. Une pure réussite qui redonne espoir dans le cinéma français.

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