A chaque fois, c'est la même chose.


Je me jure silencieusement de ne pas me laisser avoir, de ne pas m'abandonner. Pas comme la dernière fois, à la télé, ou lorsque je l'ai redécouvert au cinéma, en 2002, lors de la célébration des vingt ans de l'oeuvre.


Comme il est dur de résister à l'un des films les plus formidables de l'histoire, touchant à l'universel du coeur et des sentiments.


Comme il est dur de ne pas succomber à cette histoire d'amitié sur la même longueur d'onde, de lien, de symbiose, comme échappatoire à une cellule familiale amputée, à un monde des adultes tristement terre-à-terre. Michael est déjà passé de l'autre côté, tandis qu'Elliott a encore en lui ce mystérieux pouvoir d'émerveillement et de suspension d'incrédulité qu'il communique sans mal au spectateur.


Comme il est dur de ne pas tomber sous le charme de cet extra-terrestre, de ses grands yeux bleus de nouveau-né ouverts sur un monde inconnu et hostile. Alors que ce n'est pourtant, au bout du compte, qu'une simple marionnette créée par Carlo Rambaldi. Et pourtant, c'est toute la magie des effets spéciaux qui opère pour lui donner vie, lui insuffler un caractère, une âme à nulle autre pareille, une humanité.


Cet extra-terrestre tour à tour inquiétant, effrayé, drolatique, vulnérable, fait partie à jamais de notre enfance et de cette part de nostalgie qui tend à peu à peu s'éteindre. Mais c'est avec des films comme E.T. L'Extra-Terrestre qu'on renoue avec de la plus belle des manières, pendant deux petites heures où à chaque fois, malgré nous peut être, on reste émerveillé, tendu, terrassé de tristesse pour finir dans des adieux d'une émotion des plus pures et sincères.


Elliott et E.T., pour toujours, ce sera ce lien indéfectible entre deux êtres exceptionnels, mais aussi avec cette enfance peut être un brin naïve, mais profondément humaine et tendre qui fait que l'on se prend à pleurer toutes les larmes de son corps quand Michael retrouve l'extra-terrestre dans un triste état après une virée nocturne magique et poétique. Quand il devient la proie d'une menace sourde qui, jusqu'ici, n'avait pas de visage et était dessinée dans l'ombre. Quand l'irruption froide d'une science fiction en scaphandre ne laisse que peu de doute sur l'issue de l'aventure.


Même si Peter Coyote est pétri de bonnes intention, si Dee Wallace représente la mère aimante mais débordée et esseulée, tous les deux sont prisonniers d'un monde des adultes qui n'est malheureusement plus en phase avec l'enfance.


La formidable cavalcade finale en vélo n'en a que plus de prix. Car les enfants, pour une fois, ont le dernier mot dans leur défi lancé aux grands. c'est cette magie de l'enfance qui les fait s'élever à nouveau, pour rejoindre une forêt qui abritera la plus belle et touchante scène d'adieux de l'histoire du cinéma. Qui réussit, année après année, à ce que les larmes coulent, malgré l'âge, malgré le fait que l'on connaisse le film par coeur.


E.T. L'Extra-Terrestre est bien l'un des seuls films que j'essaie de voir en solo ou en très petit comité.


Non, ce n'est pas un plaisir coupable.


Simplement pour éviter que l'on me surprenne en train de pleurer à chaudes larmes, ce que même le masque a bien du mal à dissimuler, devant l'un des films les plus émouvants et touchants. Un des plus inusables aussi.


J'imagine bien que les cyniques sont en train de sourire. Tant mieux après tout. Même s'il est bien dommage que le handicap émotionnel ne se soigne pas.


Car là où ils verront dans leurs yeux secs manipulation, mièvrerie, ridicule et putasserie, le mot à la mode vide de sens critique, se croisent plus sûrement, sous la caméra de Steven Spielberg, rehaussées par la musique immortelle de John Williams, grâce, rêve, sincérité et émotion.


Behind_I want to believe_the_Mask.

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le 3 janv. 2018

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Behind_the_Mask

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