Duvidha (« Le Dilemme ») est un film réalisé d’après un conte populaire du Rajasthan. Dans une riche maison, le fils d'un marchand, nouvellement marié doit s’absenter quelques années pour renflouer les affaires de son père. Un esprit/fantôme tombé follement amoureux de sa femme décide de prendre la forme du mari et de vivre avec elle, tout en lui avouant la supercherie. Au retour du mari il faut savoir qui est le vrai mari, qui est le faux ; le père charge le sage local d’en décider qui confronte les deux hommes à diverses épreuves
Le récit est charmant comme un conte, mais dans ce film, poème visuel et musical, il n’est pas l’essentiel. L’important est dans la manière dont le réalisateur en restitue toute l’émotion et la sensualité par l’image, les couleurs et le son. Mani Kaul raconte son « histoire » comme un photographe avec un talent remarquable et une maîtrise parfaite du cadrage, un usage très moderne du gros plan - sur les matières, les textures,- qu’il combine avec des arrêts sur image, un talent de peintre donnant à sa palette de couleurs une importance fondamentale. Il photographie de manière remarquable les végétaux, arbres, bijoux, textiles, -visage dans la transparence d’un sari- mais aussi les moindres mouvements de l’air, brises, vibrations, autant de natures mortes telles des peintures miniatures classiques qui bougent de façon imprévisible. Duvidha est un pur enchantement visuel