Simple et émouvant, en une heure et un budget dérisoire, voici une adaptation de la littérature enfantine ayant pour but de rattraper les bides commerciales au cinéma de Pinocchio et Fantasia. Et pourtant Dumbo s'affirme aujourd'hui comme l'une des plus belles œuvres Disney.

Madame Jumbo, éléphante de cirque, est triste, démoralisée de voir qu'en ce jour des heureux événements, tout le monde reçoit ses bébés, alors que le ciel, à elle, ne lui a rien ramené. Jumbo est accablée, jusqu'à qu'une cigogne maladroite dont on aura suivi le comique trajet, s'approche pour livrer un merveilleux éléphanteau : Dumbo Junior. Une petite famille s'est formée, Jumbo est comblée, le spectateur aussi par tant d'amour un peu niais, entre une mère et son enfant. Malheureusement, Dumbo est différent, le petit s'est vu offert un cadeau empoisonné : De grandes oreilles. C'est alors, que cette scène rythmée par musique douce et câlins, se métamorphose en séquence de moqueries de la part des autres pachydermes, rythmée par chuchotements teigneux et "Dum-pas-bo".
Mais qu'importe, l'amour d'une mère et de son enfant est plus fort que tout, et cela ne les atteint pas. Contrairement à nous, spectateurs.

"La moquerie est de toutes les injures celle qui se pardonne le moins."

Alors que le chapiteau se dresse en chanson sous cette pluie battante, Dumbo essaye tant bien que mal de donner de sa personne pour apporter son aide, rien qu'un tout petit peu. Le lendemain, c'est l’inauguration, le défilé, sous un vacarme de la foule, notre petit marche fièrement aux côtés de sa mère, puis trébuche sur son oreille, atterrit dans la boue, les moqueries fusent, mais sa mère est là pour le réconforter et le laver, tendrement.
Les animaux se reposent doucement, dans l'attente de leur représentation respective, les visiteurs admirent les animaux. Certains veulent voir des animaux exotiques, d'autres rires. Et quoi de plus drôle qu'un éléphant aux oreilles démesurées ? Le jeune Dumbo se cache sous sa maman, les enfants veulent le toucher. Stop, c'est trop, les gosses abusent, pourtant pas mieux, vont trop loin et mettent en rogne la mère, dépassée par tous ces événements, qui commettra l'irréparable. La haine émise par la mère est transmise naturellement à nous spectateurs, ayant envie de crier à l'injustice.

"Ce qui est beau devient vite triste."

L'amour, c'est beau. Mais le jour où il ne peut plus être partagé, ça fait souffrir. Jumbo est écarté du reste de la troupe, Dumbo quand à lui, est exclu par le troupeau, et doit subir de perpétuels intolérances et exclusions. Son seul ami est une adorable souris ayant eu pitié de lui, qui refuse ce sectarisme ingrat. Son handicap le propulse au sort honteux de clown, et doit assurer le show en compagnie de vrais clowns. Scène à la fois drôle et accablante, voir terrifiante si l'on est petit, vraiment terrifiante oui, nous vivons cette humiliation sous ce brouhaha de rires du public. La show est terminé. Dumbo est la fierté des clowns qui le qualifient "d'or en barre", mais pendant ce temps Dumbo pleure à chaudes larmes et nous aussi : il veut sa maman.

"Amour de ma mère, à nul autre pareil."

S'en suit, une des meilleure scènes de tous les temps, une chanson émouvante comme jamais (oscar de la meilleur chanson originale), des retrouvailles dans d'étranges circonstances. Aucun échange de regard, aucun contact n'est possible, mis à part... avec la trompe. Dans cette étreinte, maman chante, bébé est sur son petit nuage. Quand à nous, nos yeux sont humides, pour certains la larme a coulé depuis un bon moment, si ce n'est pas le cas, ça ne tardera pas à venir, tout de suite, lors de cet au-revoir déchirant, au geste de la trompe.
Après un telle scène émouvante, arrive la séquence folle, presque psychédélique. Ratanplan voilà les éléphants, ratanplan l'abus d'alcool sur éléphanteau est dangereux et peut traumatiser plus d'un gosse, dont moi-même.

Souvenez-vous :
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Imaginez, une gueule de bois d'éléphant, à côté de celle que vous avez pris la dernière fois, ça doit être autre chose. Nous rencontrons déjà nos derniers protagonistes qui offrent une chanson groovy entre deux-trois satires, et permettent à notre héros de réaliser un exploit devenu légendaire, un exploit fantastique.
Dans sa bulle en funambule, sur le fil de sa vie désagréable, il s’envole avec une plume, oublie l’équilibre instable pour que celui-ci soit libre et que son quotidien devienne stable.
Grâce à ceci, Dumbo va vaincre les moqueries. Justice est faite, chef d'oeuvre est fait.

Réussite inattendue, qui va classer ce modeste "long-métrage" parmi les plus grands classiques Disney. Classique qui va rester longtemps dans les mémoires, bouleversant, avec notamment des chansons et des musiques sublimes.
Une ode à la tolérance qui a même popularisé une étrange expression : Voir des éléphants roses. Comme quoi, cette oeuvre est... un chef d'oeuvre.

Créée

le 6 mai 2014

Modifiée

le 7 oct. 2014

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Alex La Biche

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