Bio de Drew Struzan, l'auteur de milliers d'affiches de cinéma que vous aimez. Star Wars, Goonies, I

Je ne devrais pas l'avouer mais en 2016, je ne connaissais pas encore ce nom, pourtant il a dessiné les images qui me touchent le plus et qui ont accompagné mon enfance. Des pochettes de DVDs que je connaissais, elles, par cœur.


____Il a fait les affiches d'Indiana Jones, des Goonies et de milliers d'autres. Et celles d'une assez célèbre saga, La Guerre des étoiles, dont je découvre qu'il n'était pas le 1er affichiste choisi (c'était un Charles White, qui lui demandera de l'aider avec les visages et humains).


____Tous les tableaux de la première scène dans 'The Mist' sont les siens le peintre de l'histoire écrite par Stephen King est inspiré de Drew Struzan).
Avant Photoshop et sans chirurgie esthétique, tous les acteurs peints par lui se sentent "beaux et plus vivants"( comme Kurt Russell le dit).
Ou comme par exemple, les Muppets, qu'il transcende et fait vivre , mieux qu'une photo:



en photos, "les marionnettes des Muppets sont des chaussettes pleines de foin et de bâtons, mais dessinées par Drew, elles prennent vie"



____Je dois avouer aussi que je n'avais jamais remarqué que l'affiche tant aimée de mon Retour vers le futur n'était pas une photo mais un dessin de ce Drew.


____Il commence par de longues études en école d'art (Art School), 6 ans, où il dessinait et peignait tous les jours: il faisait donc les fameuses supposées "10 000 heures d'entrainement" nécessaires pour maitriser son art (selon le chercheur Malcolm Gladwell).
Il n'a pas l'argent pour ses études, il est souvent viré pour ne pas avoir payé et être en retard.
Sa femme l'aide comme elle peut et paye (encore une femme dans l'ombre d'un succès).
Ils ont un enfant dés ses débuts, donc le besoin de travailler est encore plus pressant.
Il devait souvent choisir "entre manger et peindre".



"I had to choose between paint and food"
(il me fait alors penser au sketch des Monty Python sur la concurrence sur "qui était le plus pauvre dans sa jeunesse"..."on était plus pauvres que vous à nos débuts".)



Il trouve enfin son premier poste dans une entreprise qui fait des pochettes de disques où il est payé 2 fois le salaire de sa femme. Embauché par un Ernie Cefalu (créative Director...studio job): "une des 3 meilleures entreprises de l'époque faisant que des pochettes" de disques ("Pacific Eye & Ear"). A son entretien d'embauche, Struzan se proposait de



de "travailler 5 jours, payés 4 jours pour montrer ce qu'il sait faire"
Mais son book était tellement beau que ce boss (Ernie Cefalu) lui aurait dit qu'il serait payé "de suite plein temps, pour toutes ses heures".



Struzan raconte que ce Monsieur Cefalu lui a sauvé la vie:



lui, embauchait "des illustrateurs plutôt que des photographes pour obtenir des choses personnelles et artistiques"



Drew Struzan fera alors la pochette de 'Sabbath Black Sabbath' de ...Black Sabbath où on voit un homme sur son lit de mort; sa seule instruction était "faites nous un mec qui meurt":



" let me do the front cover where a bad man dies on front cover and where good man dies on the back cover"...bref, la mort d'une ordure devant...
et la mort d'un homme bon au dos de l'album (genre Jean Valjean entouré d'anges).
Cette idée me fait penser au film Ghost de Jerry Zucker qui illustra la différence des morts et anges, des gentils et des méchants.
Pour ce méchant, il s'est pris pour modèle: dans le lit, mourant.



La pochette d'album qui change tout:
Il a aussi fait la couverture de l'album 'Welcome to my nightmare' d'Alice Cooper , l'homme qui à l'époque était connu pour ses serpent et insectes mais dont il dit: "Alice est charmant, il est soigné...il venait au studio me voir peindre".
Cette album cover est alors vénérée par le magazine Rolling Stones.
Mon Marty Mc Fly, Michael J. Fox , témoigne qu'à 14 ans, "il adorait cette pochette".
Cette pochette d'Alice Cooper se retrouve sur un panneau publicitaire géant.
Struzan se fait alors voler à l'industrie du disque par l'industrie du cinéma pour faire des affiches de films.
Le cinéma "paye des centaines de fois plus":



un an de salaire de pochettes de disques pour une seule affiche de film: "Un père de famille ne peut pas résister". Alors il quitte celui qui lui avait mis le pied à l'étrier.



Il travaille désormais pour un Tony Seiniger qui se présente comme le premier à avoir lancé la "publicité créative à Los Angeles basée sur la collaboration avec des freelance, de vrais artistes indépendants" (il présente ça de manière très positive, mais en gros, il a réinventé les systèmes de la soierie lyonnaise où les artistes et ouvriers travaillent seuls, chacun dans des lieux différents pour réduire les chances de s'associer , les faire jouer les uns contre les autres, salaires à la baisse).
Les compagnies de disques achetaient parfois de grands panneaux de pub sur Sunset Boulevard à Los Angeles quand elles avaient de grosses sorties d'albums.
Et c'est la pochette géante du Alice Copper sur Sunset Boulevard que voit un jour un Barry Shereshevsky (Art Director): "I saw a very striking billboard" ...il fait acheter l'album (notez le "faire acheter"), puis il présente l'œuvre à Tony Seiniger, le boss, qui téléphone (té-lé-pho-ne)
à la maison de disque pour rencontrer l'illustrateur...il débauche donc Drew Struzan:



"what kind of money do you make at "Pacific Eye and ear"?
"and I was shocked how little a guy with that talent made!"
...1 movie art on 1 job is 1 year of albums covers...1 album cover was 5 000$...1 movie poster could be 50 000$. ..."loadsofmoney"... argent argent argent



Il a travaillé pour cette entreprise 20 ans mais découvrira des malversations car il n'est pas comptable:
Premier poster en 1975: un film avec Georges Seagal 'Black Bird';



...où il reconnait que si plein "d'idées, elles étaient "volées" à Norman Rockwell (qu'il adore)"
Dernier poster en 1991 selon le doc. : Hook*



**Star-Wars:
Pour l'affiche du plus gros succès Mondial, il n'a pas été embauché par le réalisateur mais par un fellow student, Charles White III, qui avait déjà un studio de design, une entreprise.
C'est lui qui avait le contrat pour l'affiche mais il ne pensait pas bien faire les visages/les humains alors il a appelé Drew et lui a demandé "s'il acceptait de l'aider dans cette charge de travail":



"Do you want to share the poster? I'll do the robots, you'll do the people?"
"sure a job is a job"
"I'll do it"
"it didn't matter to me"...
...une manière assez légère de parler de la saga de ('La Guerre des Étoiles').**



C'était pour l'affiche de la Guerre des étoiles:
DONC celui qui avait le contrat exclusif de l'affiche a partagé son contrat avec Drew vo-lon-tai-re-ment Ce n'est pas Georges Lucas qui a donc embauché Struzan mais un vrai ami artiste qui se sentait pas assez bon pour faire des visages humains.
Et bons, ils ne l'étaient pas encore: les deux amis, présentent mal leur travail.
8 jours de travail , 8 jours de différentes couches et techniques.
Mais ils avaient oublié de laisser de la place pour les crédits! pour les noms etc.
2 débutants passionnés par l'art mais assez incompétents ce jour là.
Ils doivent tout refaire.
Alors Drew a l'idée géniale de:



"faire comme si la première affiche était une affiche dans affiche": une affiche collée sur un mur dans une affiche.



Il a aussi fait les affiches, entre autres de: (attention les affiches SC ne sont pas toujours sa version):
_ Retour du Jedi
_ Indiana et le Temple Maudit
_tous les Indiana Jones
_ Blade Runner
_ Indiana Jones et les crânes tout pourris
_ [Rambo...alors alors le colonel lui dit...tu vas sortir avec moi...22
_ E.T. qui vient d'Uranus.
_ The Thing de John Carpenter Drew fait la première affiche en une nuit , pas celle là, celle avec l'homme à la parka et la face lumineuse...qui sera visible dans le début du film, The Mist, où le peintre est supposé être Drew Struzan.
UNE FOIS ENCORE, IL NE CONNAISSAIT RIEN DU FILM 'THE THING' quand il commence à travailler sur l'affiche: ils lui ont juste dit le soir même,



"on a besoin d'une affiche (pour The Thing) pour le lendemain": "un extraterrestre attaque des scientifiques".
Le lendemain, la superbe affiche est livrée par coursier, elle arrive, encore humide: l'homme géant à la parka et la face lumineuse.



_ Il a aussi fait les affiches de mes 'Muppets' I
_ Les Muppets II
_ Les Muppets III à Noel



_ l'affiche de 'Jack Burton' de John Carpenter avec Kurt Russell: il n'aime pas trop cette affiche, "too busy, cluttered"/trop chargée.
Or Kurt Russell, lui, est ravi, il trouve qu'il le mets encore à son avantage.



_Brisby, joli souris



_ Les Goonies il reconnaît encore et avec beaucoup de classe que l'idée de cette affiche des 7 enfants suspendus à une corde, tous en perspective, n'est pas son idée mais celle de Donner (quelle superbe affiche fascinante pour un gosse, dont un PierreAmo).
I love it but "not my concept, the director did" (Drew Struzan, très honnête)



_ The Mist de Stephen King et Frank Darabont d'ailleurs le peintre, serait inspiré de lui.
_ et aussi l'affiche de Les évadés : il est très ami avec et voisin de Darabont


Escroqué et désormais un peu ignoré?:
Le dernier quart de ce documentaire est super touchant: on découvre qu'il s'est fait avoir par un couple d'associés escrocs (père et fils).
Il était une cible facile car passionné par l'aspect artistique de son travail: la comptabilité n'était pas son truc.
Il a travaillé 8 ans avec eux: HUIT ANS! sa meilleure année, il n'a fait que 50 000$ dans l'année.
Il a découvert que certains de ses dessins étaient payés 50 000$ l'unité.


Et on découvre qu'il serait désormais assez ignoré par les nouveaux financiers producteurs:
Guillermo del Toro est à la fois hilarant et émouvant quand il raconte sa première rencontre avec Drew, son idole. Si ému, qu'il en devient maladroit et encore plus bruyant que d'habitude. Guillermo dit qu'il ne s'arrêtait pas de parler alors que Drew et sa femme sont très calmes et posés. Mais ce réalisateur est un vrai amoureux et passionné du cinéma et du travail de cet artiste:



del Toro explique qu'il doit désormais "se battre pour imposer le travail et les dessins de Drew".
Il les "paye lui-même". Le dessin face à l'ordinateur est "un art en voie de disparition".



THE END OF AN ERA

PierreAmo
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le 25 juil. 2016

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PierreAmo

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