En 2010, à la fin de Dragons, nous avions quitté Beurk transformé en havre de paix. Et nous avions laissé Harold, diminué, avec un feeling étrange en bouche. Comme si la fin de sa première aventure ne pouvait pas être totalement heureuse.


Harold s'était révélé, avait grandi. Pas assez peut être. Et Beurk ne semble plus lui suffire. Comme s'il était devenu trop petit pour lui. Avec Krokmou, il vole. Il explore. Il découvre de nouveaux territoires. Comme s'il fuyait. Comme s'il se fuyait.


Dragons 2 semble tout d'abord gonflé de cette envie. En normalisant son intrigue, qui intègre pour la première fois un méchant, classique, clairement identifié, pouvant être assimilé à un miroir inversé du jeune Harold. En élargissant son univers et en renouvelant presque totalement son environnement : forêt décharnée, grotte aux allures de monde perdu, d'éden, décors enneigés... Le film se remplit littéralement de l'ivresse de l'aventure et livre aux spectateurs une flamboyance graphique presque irréelle ou encore nombre d'images folles parfois inouïes. Touchant l'épique le plus terrassant dans son ampleur, le plus spectaculaire dans le gigantisme de véritables léviathans qui s'affrontent, dans d'incroyables chevauchées aériennes et des batailles que n'aurait pas renié Peter Jackson, voisinant le récit purement mythologique.


Ce goût de l'aventure est souligné par l'irruption, dans le récit, de la mère d'Harold, faisant craindre le retour à la normalité pour le jeune héros, le déséquilibre des liens tissés avec son père ou avec sa monture.


Le coup de moins bien semble donc guetter, rappelant que l'émotion de Dragons, en 2010, n'était peut être le fruit que d'un heureux accident...


Sauf que Dean DeBlois ne mise pas que sur la greffe de nouveaux personnages et sur son art consommé du spectacle pour nourrir sa franchise. Ainsi, la disparition de Stoick sonne comme un coup au plexus terrassant. L'émotion prend à la gorge, tandis que le sang versé sonne comme le passage inévitable à l'âge adulte, dans une transmission muette de l'héritage.


Les paysages enneigés auraient dû sonner comme un indice : Dragons 2 vient de s'assombrir soudainement, comme avait pu le faire L'Empire Contre-Attaque pour la trilogie Star Wars.


Dragons 2 sonne un certain abandon des illusions et d'idéaux enfantins. Tout comme il signe une maturité trop vite acquise en suivant son héros qui n'avait pas totalement achevé son processus de croissance, accompagné de la douleur de la séparation, d'une certaine forme de deuil. Ressemblant un peu à celui illustré dans la saga Toy Story.


Et s'il reste quelques traces d'insouciance dans les jeux entre Harold et Krokmou, dans leurs chevauchées, la fusion sera mise à rude épreuve, rappelant que l'animal sauvage n'est jamais loin du compagnon d'aventures. Mais la symbiose, formidable vecteur des sentiments, continue de jouer à plein : toujours aussi juste et merveilleuse, toujours aussi douce à l'écran et dans l'intelligence du coeur.


... Dans un nouveau rêve de cinéma fantasy généreux et émouvant.


Behind_the_Mask, coeur de dragon.

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le 4 sept. 2020

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