Deuxièmes volets du monde, voici le modèle à suivre...

Véritable note : 8.5/10. Divertissement cinq étoiles.

Face aux échos cannois, des plus élogieux mais aussi souvent trompeurs, on essayait de ne pas TROP attendre de cette suite. Faire mieux que Dragons, c'était faire mieux qu'un formidable premier volet, modèle irrésistible de comédie d'aventures, et accessoirement porte-étendard de l'animation façon Dreamworks. Difficile. Et pourtant, pari tenu.

Sur le plan formel, d'abord : esthétiquement somptueux (certains plans frôlent la fresque monumentale) et d'une fluidité d'animation hallucinante (même selon les standards actuels), le film impressionne surtout par la réalisation virtuose de Dean Deblois (cette fois-ci seul aux commandes), aussi à l'aise dans les scènes comiques que dans le spectaculaire, d'autant plus solide qu'il est toujours étoffé d'une matériau dramatique de qualité. Vous retrouverez dans Dragons les vols grisants du premier (le sens du rythme, l'ingéniosité des plans, la maîtrise de l'espace donnent littéralement le tourni), la bande originale du génial John Powell apportant sa considérable contribution.

Dans le fond, ensuite : porté par un duo toujours aussi attachant entre un Hiccup qui a bien grandi (Jay Baruchel fonctionne décidément mieux hors-champ...) et un Toothless hilarant 95% du temps, l'histoire a l'intelligence de mettre en arrière-plan la jolie amourette entre Hiccup et Astrid (bien établie depuis) pour se concentrer sur deux choses : le surprenant (et pas tiré par les cheveux, pour changer) retour de sa mère, beau et fort personnage à la hauteur de l'actrice qui la double (Cate Blanchett !), et la maturité du héros. Ce n'était pas non plus gagné d'avance : le film parvient à relancer intelligemment ce qui faisait une des grandes forces du premier volet, la dimension de récit initiatique. Dans le premier, Hiccup apprenait qu'on ne peut pas être un héros sans en payer le prix (l'idée foutrement osée de l'amputer d'une jambe à la fin) ; dans le second, c'est au contact d'un ennemi appartenant à sa propre espèce (et à travers une mort dont le caractère prévisible n'annule pas sa force dramatique) qu'il assumera enfin sa destinée de chef.

Autant dire qu'on tient là le meilleur du spectacle d'aventures à l'hollywoodienne. Parce qu'il ne faut pas sacrifier son esprit critique au profit de la jouissance béate, un nemesis de qualité aurait fait du film un authentique chef-d'oeuvre : en l'occurence, le sous-développé Drago (paie ton originalité) ne sert qu'à renforcer le plaidoyer du héros pour l'union des deux espèces, et caractérise un climax par certains aspects un peu torché (où sont passés ses 10 000 hommes, à la fin, au juste ?). Mais peu importe, au fond, car il ne parasite pas le propos du film ni l'essence de l'aventure : Hiccup et Toothless, Toothless et Hiccup, duo comique parfait et figures de la fidélité jusqu'à la mort dont on ne trouve pas souvent d'exemples aussi forts.

C'est beau, ample et épique, émouvant, même, sans jamais oublier d'être drôle (mention à la performance toujours formidable de l'écossais Craig Ferguson, un des rares talk show hosts de qualité de la télé US), et c'est traversé par un sens du merveilleux et de l'aventure qui place Dragons 2 dans la stratosphère des meilleures suites, aux côtés d'un Empire contre-attaque, pour ne citer que lui. Avec ce brillant opus, Dreamworks a de sérieuses chances d'enfin coiffer au poteau les studios Pixar, en panne d'inspiration depuis quatre ans. Souhaitons leur que ça continue.
ScaarAlexander
8
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le 23 juil. 2014

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Scaar_Alexander

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