En me rendant à la séance de Downsizing, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. D'un côté, le film reçoit des louanges de la presse et de l'autre, les notes sont moyennes sur les différents sites de cinéma. C'est donc avec trois semaines de retard, et dans une petite salle obscure, que je vais découvrir la nouvelle oeuvre d'Alexander Payne.
Après des années de recherche, des scientifiques norvégiens réussissent à miniaturiser l'être humain. Une découverte qui va avoir des conséquences sur notre environnement, en lui permettant de souffler un peu et de prolonger notre existence sur cette terre. Mais pour motiver l'homme à réduire sa taille de manière irréversible, il faut lui tendre une belle carotte. C'est l'aspect matérialiste qui motive sa décision. Alors que la vie est difficile, que les crédits s'accumulent et que le désir de devenir propriétaire; ce qui est l'aboutissement de toute une vie; s'éloigne un peu plus chaque année, on lui fait miroiter une vie plus luxueuse où son confort sera garanti. C'est dans cette optique que Paul Safranek (Matt Damon) et sa femme Audrey (Kristen Wiig), vont franchir le pas et rejoindre cette nouvelle société.
L'idée est intéressante, mais son exécution me laisse perplexe. La vie de Paul Safranek semble morne. Il vit dans la même maison depuis son enfance, ce qui n'est pas si grave, au moins il a un toit, enfin, bref.... On le voit dans cette demeure s'occupant de sa mère, puis dix ans plus tard avec sa femme Audrey. Le couple ne semble pas vivre dans la joie et la bonne humeur. Ils ont un côté Bidochon, bref ils ne sont pas intéressants, du moins pas pour le spectateur. Elle a des rêves de grandeur, il ne rêve pas. On ne les sent pas en accord, comme s'ils étaient juste ensemble pour éviter d'être seul. Lors d'une soirée entre anciens étudiants, ils vont retrouver un couple d'ami Dave Johnson (Jason Sudeikis) et Carol (Maribeth Monroe), qui ont décidé d'être miniaturisé. Dave vante à Paul, les bienfaits de sa nouvelle vie, en lui proposant de les rejoindre. Cela semble une bonne idée pour ce couple. Audrey va pouvoir assouvir son envie de vivre dans une immense résidence et Paul pense que cela va améliorer leur relation. La morosité de leur vie monotone semble derrière eux, sauf que Carol ne va pas oser franchir le pas et va laisser Paul, seul face à lui-même.
Dès que Paul est miniaturisé, l'histoire s'essouffle. On a le sentiment qu'Alexander Payne s'est reposé sur cette idée, puis s'est mis à improviser pour la suite de l'histoire, au gré de ses humeurs. On avance sans trop savoir quel est le projet. Le film ronronne tout doucement, ce n'est pas désagréable, mais franchement pas passionnant. L'arrivée de Dusan Mirkovic (Christoph Waltz), nous sort un peu de notre torpeur. Sa douce folie, apporte un léger vent de fraîcheur. Mais ce ne sont que quelques instants éphémères, à l'image de cette désastreuse scène de bad trip de Paul, dont on ne comprend pas l'intérêt. Décidément, Alexander Payne développe son intrigue, comme bon lui semble, comme s'il était lui-même sous acide mais cela ne stimule pas son imagination.
L'oeuvre est ambitieuse, mais se révèle être un immense gâchis. L'histoire semble vaine, en se cherchant, avant de trouver son ton, à travers le couple Paul Safranek et Ngoc Lan Tran (Hong Chau). La jeune femme va nous entraîner dans un autre monde. On découvre que celui-ci n'est pas différent de celui qu'ils ont quitté. D'un monde à un autre, les problèmes restent les mêmes. On enfonce des portes ouvertes. C'est tellement naïf, que cette fable humaniste en devient poussive, à l'image de son final en Norvège dans une communauté hippie.
Le film pose tout de même quelques questions intéressantes : Qui sommes-nous? Quel est notre raison d'être et surtout, ou est notre place? Le personnage de Ngoc Lan Tran apporte une réponse avec l'envie de prendre soin des autres, au lieu de privilégier son ego et son confort matériel. Son attitude semble la bonne. Elle pousse Paul Safranek dans cette direction, en se montrant limite despotique. Une attitude cachant un grand cœur dans ce petit corps d'une femme meurtrie par la vie. C'est mignon, doucement naïf, mais pas désagréable. Elle est l'opposée de Dusan Mirkovic, mais nous offre le même plaisir d'être en sa compagnie, à travers quelques traits d'humour ou de situations prêtant à sourire. Ces personnages permettent aux spectateurs de ne pas sombrer dans l'ennui où d'être écœuré par la mièvrerie et naïveté qui se dégage de cette histoire peu réjouissante.
Downsizing est un petit film, plein de bons sentiments et de naïveté, donnant l'impression de se chercher. La réflexion sur notre société, sa surpopulation et sa prochaine extinction, nous passe au-dessus. Il y a un côté hippie post seventies, mais sans le côté acide. On se promène dans ce film, comme dans une galerie marchande, en regardant ce qu'on nous propose, mais sans que cela donne envie de se rendre dans la boutique. La devanture est séduisante, son intérieur se révèle peu alléchant.