Douze Hommes en colère par DocElincia
Ou comment faire une masterpiece dans 30m². Le huis clos est un genre dangereux, très dangereux. Il lasse facilement, les péripéties sont très peu nombreuses, la diversité visuelle n'est pas de mise. Et pourtant, Sidney Lumet nous dégotte la douzaine d'acteurs qu'il fallait pour qu'on reste scotché pendant une heure et demie à une intrigue non pas palpitante, mais intrigante. L'affaire est brillamment sous-tendue par plusieurs thématiques finement traitées telles que la place encore trop grande des préjugés dans une société américaine d'après guerre qui se veut la plus démocrate et impartiale au monde ou bien la dénonciation des travers d'une justice qui au final ne sert que de tremplin médiatique (quitte à se pervertir) où les plus défavorisés sont présumés coupables.
Rien n'est trop facile, téléphoné ou abracadabrantesque, tout est juste. Certes, quelques petits passages peuvent faire penser à du remplissage, mais on lui pardonnera volontiers ces rares écarts tant le talent est de mise. Les joutes verbales sont succulentes, à tel point qu'on pourrait presque ressentir nous-même l'enjeu : la vie d'un homme. Et puis finalement, si j'étais juré ? Serais-je aussi serein qu'un Henry Fonda ? Est-ce que je me plierais à l'avis de la majorité pour aller voir un match de foot ? Ou serais-je totalement aveuglé par le chagrin et la colère d'une expérience personnelle similaire ?
A vous les studios.