Doute (2008) :


Hey, avant de commencer je voulais vous dire que cette critique contient des analyses d'extraits qui peuvent vous spoiler le film, si vous l'avez déjà vu, que vous n'en avez rien à faire ou que vous aurez oublié tout le contenu de cette critique le lendemain, bonne lecture :)


En 1964, une jeune religieuse, également professeure d'histoire dans une petite école catholique, remarque le comportement étrange d'un de ses élèves ainsi que du prêtre qui enseigne aux enfants l'éducation sportive. Si au départ elle ne semble pas s'en soucier, le fait que le jeune garçon n'empeste l'alcool à son retour du presbytère l'alerte, la poussant à en faire part à la Sœur Aloysius, une religieuse plus âgée et plutôt psychorigide, qui est immédiatement sûre que le prêtre est coupable, et qui va tenter de le pousser dans ses derniers retranchements afin de faire avouer son acte à ce dernier, malgré les doutes des autres personnes autour d'elle...


Doute est un film que j'avais déjà vu au début de l'année dernière et que j'avais adoré sans pour autant percevoir toutes les métaphores et réflexions que nous proposait le long-métrage. Aujourd'hui donc, sur un coup de tête j'ai décidé de le revoir, pour le montrer à ma mère, histoire de revoir un bon film et le redécouvrir.


Le film commence donc sur une très longue scène de messe où le fameux prêtre nous délivre un serment. Il est charismatique malgré le fait que les messes ne sont pas les événements auxquels je m'amuse le plus. Au fond de la salle, la soeur Aloysius, droite, une démarche militaire, reprend les enfants qui bavardent ou somnolent avec une grande fermeté. Dès le début on cerne bien le personnage. Malgré les nuances qu'elle nous propose, cette religieuse reste froide, presque sans cœur, l'ayant confié entièrement à Dieu.


Et c'est ce cœur de pierre qui va bloquer toute compassion pour ce prêtre ainsi que pour la jeune religieuse ayant constaté chez le Père Flynn des éléments troublants qui la pousseront à croire que des actes pédophiles sont commis au sein d'une école qui n'avait jamais connu ceci auparavant.


La soeur James, en faisant part de ses inquiétudes à Aloysius, nous livre toute sorte d'indices qui pourrait laisser penser au viol de l'enfant, peu sociable et ayant trouvé un refuge, un réconfort auprès du religieux. Aloysius, regardant les feuilles s'envoler par la fenêtre d'une pièce salle (une remise poussiéreuse pouvant représenter l'état actuel des événements de l'école (sale)), se retourne lentement et ne dit qu'une seule phrase : Alors, c'est arrivé. Une phrase bouleversante, ou la façon dont elle a été dite, le plan sur Meryl Streep, tout laisse au spectateur une sorte de frisson... Nous y avions échappé jusque là, mais les criminels sont partout, et c'est ainsi que le spectateur comprends ces derniers mots.


La soeur James, qui accusait presque le prêtre, devient alors moins assurée et sa naïveté reprend le dessus. Elle pense qu'il ne s'agit finalement que d'un malentendu. Mais Aloysius décide de tirer les choses au clair.


En effet elle convoquera le prêtre afin de savoir si tout ceci est vrai, bien qu'elle en ai l'intime conviction. Par le biais de plans nous montrant le stress de chacun des trois personnages, et par une conversation sur le fait que Flynn prenne trois sucres dans son thé (ce qui peut être une métaphore des enfants, mais le personnage d'Amy Adams affirme qu'elle n'a rien contre les gens qui mettent du sucre dans leur thé, ce qui est un peu étrange), le sujet dérive alors sur le problème principal.


Le prêtre se braque, mais dit que le gamin a bu du vin de messe, et qu'il l'a convoqué au presbytère afin qu'il explique son acte. La naïve soeur James est alors heureuse que son hypothèse de malentendu soit confirmée, mais la vieille religieuse est têtue et ne veux pas rester sur une telle explication.


Vient alors le moment ou Aloysius convoque la mère de l'élève, alors que Flynn s'est mis James dans la poche. Cette dernière d'ailleurs est partie quelques semaines voir son frère malade. Aloysius est donc seule face à Flynn, est la guerre est bel et bien à son apogée.


La mère de l'élève est une femme épuisée, qui travaille toute la journée, et qui est mariée à un homme violent qui n'hésite pas à frapper son propre fils. Après lui avoir fait part de ses doutes au sujet de la gentillesse exemplaire du prêtre, Aloysius constate avec douleur que la femme qui se tient face à elle ne se sent pas vraiment concernée par l'histoire, que son fils a su trouver un homme gentil pour s'occuper de lui alors que ce dernier était rejeté par tous ses camarades du fait de sa couleur de peau. Elle révèle aussi, que son fils est clairement homosexuel, ce qui est la raison de la violence de son père. Elle nous laisse alors en nous disant que son fils n'y est surement pas pour rien, mais qu'il doit tenir jusqu'en juin dans cette école pour qu'il ai de meilleures chances d'être admis dans un bon lycée.


La violence des mots de la mère pousse alors Aloysius à confronter le prêtre une ultime fois.
Ce dernier débarque dans le bureau de la nonne, et s'ensuit alors un discours ou les deux se disent leurs quatre vérités. La scène est très belle, les dialogues somptueux et on ressent la tension qui plane entre eux plus que jamais. Alors que le prêtre semble s'en tirer une nouvelle fois Aloysius tire sa dernière carte, quitte à pécher.


En effet elle lui dit qu'elle a contacté une religieuse de son ancienne école, et que des faits similaires ont été entendus la-bas aussi. Le prêtre décide alors d'être muté dans une nouvelle école, laissant alors à Aloysius la certitude de sa culpabilité. Elle a gagné en bluffant tout le long.


Puis revient la soeur James.


Dans un jardin enneigé, la soeur Aloysius raconte toute l'histoire à sa jeune collègue, puis fait part de ses propres doutes. Des doutes sur la culpabilité du père Flynn ? Sur sa foi ?
On ne le saura jamais...


Ce film m'a marqué en particulier pour ses profondes réflexions sur la pédophilie en général et dans l'Eglise (rappelons que le mot "pédophilie" n'est jamais prononcé dans le film, et que, lorsqu'il semble être prononcé, ce ne sont que des détournements de sujets qui nous laissent comprendre le mot sans le prononcer. D'où la beauté des dialogues.


Il nous fait également réfléchir sur la hiérarchie dans l'Eglise, en effet Aloysius doit agir seule dans son enquête puisque le père Flynn est son supérieur, et donc a tout les pouvoirs sur elle. Elle fera également part des actes commis par le Père Flynn, et ne sera pas crue.


La performance des acteurs est admirable, Meryl Streep et Philip Seymour Hoffman interprètent à la perfection ce duo destructeur. Amy Adams, bien que son personnage puisse agacer quelque peu au milieu du film reste très sympathique et Viola Davis, bien qu'elle doive apparaître une dizaine de minute, mérite amplement sa nomination à l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle.


En bref, Doute est un incroyable petit film que je vous conseille, il vous fera réfléchir et ne vous ennuiera pas (normalement), même si le film est essentiellement composé de dialogues...


9 /10

Horror
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le 14 avr. 2020

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