C’est curieux comme quoi ce Double détente ressemble à un film de commande. Portant, il n’en est rien. Le film est le résultat d’une volonté commune de Walter Hill et de Schwarzy de tourner ensemble. À la tête du projet, le réalisateur amène la vedette du box-office sur ses terres. À savoir celles du film d’action et du buddy movie qu’il avait initié avec 48 heures. C’est d’ailleurs peu dire que les deux films se ressemblent avec des ingrédients similaires (l’humour sous la ceinture de James Belushi rappelle celui d’Eddie Murphy, les courses-poursuites, certains thèmes musicaux de James Horner, les vapeurs dans le final, etc.). Autant d’éléments qui laissent en effet à penser qu’on a demandé à Walter Hill de ressortir la même formule. En réalité, ils soulignent que le scénariste-réalisateur a fait preuve de paresse par moments aussi bien dans son script que dans sa réalisation.


C’est dommage évidemment, surtout que ce sympathique film ne manque pas d’atouts. L’idée de faire cohabiter un Américain et un Soviétique est savoureuse, le duo d’acteurs fonctionne bien (même si le côté monolithique de Schwarzy est parfois exagéré), les scènes d’action sont, comme toujours chez Walter Hill, bien conduites, la scène finale entre les deux bus est franchement impressionnante, mais l’ensemble connaît de nombreuses baisses de régime dommageables. Le méchant, qui a pourtant une vraie sale tête de méchant, aurait pu être encore plus salement représenté. Le personnage féminin avait tout pour jouer un rôle encore plus prépondérant. Chicago apparaît sous-exploité. Certains choix narratifs laissent parfois perplexes. L’abandon du thème de la vengeance est regrettable. Autrement dit, s’il est agréable, le résultat aurait pu être encore bien meilleur.

Walter Hill semble ainsi trop régulièrement bâcler les scènes de transition qui mènent d’une scène d’action à une autre. Se contentant de scènes bavardes, pas toujours très drôles, il ne cherche pas non plus à étoffer son intrigue. Cela n’empêche pas l’ensemble d’être plutôt fun, dans un style très années 80 plutôt généreux, même si on aurait été en droit d’en attendre encore davantage. On passe un bon moment mais il y avait vraiment matière à en faire encore plus pour faire de ce titre un incontournable de ces années-là. Le fait qu’il ne le soit pas devenu n’est évidemment pas un hasard.

Play-It-Again-Seb
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le 6 janv. 2023

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PIAS

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