Il y avait tellement de jeux de mots à faire avec ce titre, tellemment...
Ca commençait pourtant sous les meilleurs auspices : une scène de sauna incroyable, où des jeunes et jolies filles, nues, s'arrosent entre elles pendant que d'énormes monsieurs, tout muscles saillant, soulèvent de la fonte dans une espèce d'orgie de symboles crypto-gays. Très swag avant l'heure. Là, Schwarzy, vêtu lui-même d'un pagne et d'une démarche tout droit reprise de Terminator, apparaît à l'écran, parle solennellement à un mongol (de Mongolie, visiblement, je tiens à préciser) et serre le poing autour d'une pierre brûlante sans même broncher. Puis casse la gueule à son interlocuteur et finit dans la neige (?) pour échanger des coups. Ça commençait comme un espèce de porno mal fagoté, avec de la tatane en conclusion, avouons que là, y'a du potentiel pour égaler les meilleurs nanards de Schwarzy.
Mais le film s'empresse aussitôt de surfer joyeusement sur la banalité la plus totale, avec une forme de complaisance absconse de chaque instant. Revenons en arrière : outre son port du pagne plutôt fascinant et sa démarche de bulldozer, Schwarzy campe le capitaine Danko, envoyé aux Amériques pour y coincer un voleur et un fils de pute du nom de Victor, qui vend de la drogue, quel salaud, et a tué le collègue de Danko, l'unique personne qui se rapprochait le plus de la femme de sa vie. Dès lors, Danko, fort de son opiniâtreté surnaturelle, décide de partir aux États-Unis subir Belushi et mener une enquête fort décousue où les scènes les plus longues sont sans doutes les plus nombreuses aussi. Sans revenir sur le déroulement précis de l'intrigue, régulièrement lourdingue, on rentre sans doute dans un espace étrange et déroutant : toi, spectateur, que l'introduction a dupé, tu t'attendais à un métrage du niveau de Commando, décomplexé en diable, ou d'un Running Man, faussement intellectuel, sous pléthore de scènes d'action totalement foireuses. Bref, tu t'attendais à un film d'action à l'ancienne, plein de chaleur, de punchlines, d'amour du tir bien placé dans des cohortes d'hommes de main en mal d'instinct de survie. Non, tourne les talons, éloigne-toi de cette pellicule mensongère : ici, tout n'est que triste sérieux, honteux premier degré, avec un manque total d'ambition. Et des dialogues en russe très long, sans aucun sous-titres, ce qui rend la compréhension du tout relativement complexe, mais finalement, et si c'était ça aussi, Double Détente ? Un film qui veut faire quelque chose de très loin des attentes du public, un peu comme une discussion entre deux russes qui finirait par des rires, alors qu'on sait très bien que la langue slave sied bien mieux aux menaces burnées. Avis très personnel.
Bref, une erreur de parcours dans la reconstitution de nos films d'amour (et d'action) des années 80, qui dura tout le long du métrage, alors que nous attendions que le film démarre enfin. C'est le générique de fin qui a finalement achevé nos espoirs, avec le regard complice que se sont échangés Belushi et Schwarzy, une honte.