Une fois n'est pas coutume, sont présentes deux critiques (bien que se ressemblant un peu) : celle rédigée après son visionnage en , puis lors de sa ressortie au cinéma en 2019.


Première critique :


Devenu rapidement culte, "Donnie Darko" fait partie de ces films qui ne laissent pas indifférent. On ressent une véritable envie de créer chez Richard Kelly, semblant rechercher une esthétique nouvelle, de façon assez réussie tant on est fasciné à plusieurs reprises par le ton et le style particulièrement originaux de l’œuvre. De plus, le cinéaste a l'ambition de s'aventurer dans des chemins (très) rarement explorés, sans jamais donner l'impression de prétention ou de supériorité intellectuelle. Pourtant, ce beau voyage ne nous convainc pas totalement, et on est quelque peu déconcerté par une fin étrange, envoûtante à souhait (magnifique morceau de Gary Jules), sans être vraiment convaincante. Reste une expérience suffisamment enrichissante et surprenante pour s'y aventurer au moins une fois. Un ovni.


Seconde critique (2019) :


Second visionnage après un premier plutôt concluant malgré quelques réserves, confirmées par cette redécouverte années plus tard. Et oui, j'étais curieux de savoir ce qu'allait donner ce « Donnie Darko » avec un regard plus adulte, qui plus est allongé d'une vingtaine de minutes avec ce montage « Director's Cut » faisant l'événement. Malheureusement, l'expérience n'a pas été totalement concluante. C'est parfois un peu le souci de ces films ayant différents degrés de lecture : on ne se concentre plus que sur ça, et mon intérêt s'en est fortement ressenti. Si ce n'est les premières minutes, intrigantes, j'ai décroché à plusieurs reprises, le propos souvent fumeux et le récit filandreux m'amenant à une grande perplexité. Où Richard Kelly a t-il souhaité en venir ?


Malgré un potentiel évident, le mystère du lapin géant n'a donc pas été spécialement source de réjouissance pour moi, même s'il a le grand mérite de se montrer assez étonnant dans son déroulement et sa « signification ». Le réalisateur ne fait pas comme les autres, et cela a quand même quelques avantages, cette histoire réservant quelques moments assez forts, notamment lorsqu'il s'agit de décrire une société américaine malade, en proie à ses démons. Regard complexe, notamment sur la famille, et une description très singulière, très séduisante du lycée


(cette présentation sur « Head Over Heels » de Tears for Fears : magnifique),


incarnée notamment par une Drew Barrymore rarement aussi bonne en professeur de littérature américaine aux méthodes originales.


Enfin, le rendu visuel est une merveille, sublimant certaines scènes nous restant clairement en mémoire. Reste cette fin : j'avoue que sur le coup, ça m'a limite gonflé. Je ne voyais aucune interprétation à en faire, ni même quoi que ce soit à comprendre : juste un rebondissement habile mais presque contre-productif, remettant inutilement en cause ce qui avait été fait précédemment. Et puis, la nuit aidant, j'ai fini par trouver quelque hypothèses, sans doute parmi les plus banales et les plus répandues dans la sphère « darkienne », mais ayant au moins le mérite d'exister, de m'interroger sur la signification de ce voyage dans le temps, optant a priori pour la solution la plus romantique (on ne se refait pas). Du bon et du beaucoup plus bancal, donc, pour une œuvre tellement à part qu'elle mérite clairement d'être vu, sans y trouver pour autant les bienfaits et l'excitation défendus par sa (large) communauté.

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le 5 oct. 2019

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Caine78

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