JE SPOIL UN MAX, REGARDEZ LE FILM AVANT


Avant de voir ce film j'avais des a priori du genre "pfff Harry Styles dans un film vraiment ?" ou alors "je sens que ça va juste être de la pseudo tension plate au possible", et je me suis bien profondément gourré.e.

Commençons par le commencement, j'ai trouvé que ce film c'était Florence Pugh au sommet d'elle même, d'abord parce que, plus besoin de le rappeler, elle joue vraiment incroyablement bien, mais aussi parce que le rôle avait l'air simplement fait pour elle. Dans ce petit univers bloqué dans les années 50 où elle joue la petite Barbie parfaite qu'on lui demande d'être, elle avait le physique parfait pour le rôle, en plus d'avoir la présence et l'expressivité parfaite, on sent l'angoisse juste dans son regard. Ensuite, je retire tout ce que j'ai jamais dit sur Harry Styles, en plus de faire une bonne figure dans son beau costume, il a lui aussi un jeu très convainquant (cf la séquence des aveux, j'ai pleuré de choc sans même m'en rendre compte), à eux deux ils ont parfaitement l'air du couple idéal qu'on cherche à nous présenter.

Les décors et les costumes sont juste magnifiques, l'ambiance rétro chic passe très bien malgré ce qui me semblent être quelques légers anachronismes (au niveau de quelques robes avec des découpes trop modernes pour le reste du décor). Dans cet ensemble on retrouve une belle palette de couleurs qui plonge tout de suite dans l'ambiance petit paradis plein de joie, mais qui vient aussi très facilement accentuer le côté oppressant de l'espace avec des couleurs tellement vives qu'elles en deviennent parfois angoissantes, grâce a un étalonnage vraiment réussi. D'ailleurs, les plusieurs représentation de la crise d'angoisse montrées dans le film fonctionnent à merveille, le stress est là et on a le souffle court quand on voit Florence écrasée contre la vitre ou avec son cellophane autour de la tête, on est crispé sur son siège et on a juste envie de sauter dans l'écran pour la sortir de là. La tension est carrément palpable, j'étais au bord de la crise d'angoisse moi-même pendant la moitié du film.

Maintenant je vais m'attarder un peu sur la construction narrative... Si les 30 voire 45 premieres minutes du film fonctionnent parfaitement autant au niveau de la crédibilité qu'au niveau du rythme, au bout de 1h dans le film, on a l'impression de plus vraiment savoir où on en est. Le montage devient moins précis (à l'exception des séquences psychédéliques qui sont toutes très réussies), on voit au moins une succession de changements de plans inutiles pour essayer d'éviter un moment creux en ayant en fait l'effet inverse, on a une impression que le film s'est perdu en cours de route, avant de revenir sur un meilleur chemin, le début du dénouement. La deuxième moitié du film reste néanmoins beaucoup plus brouillon que la première, on sent une envie de pencher dans le film d'action avec une séquence de course poursuite et cascades (peut être pour réussir à rattraper l'attention du spectateur juste avant la fin ?) alors que le choix du thriller fonctionnait, on a l'impression que ce n'est qu'à moitié assumé. Toute cette deuxième moitié du film repose sur un dynamisme parfois presque indigeste pour éviter de perdre le spectateur, c'est dommage de ne pas avoir suivi sur la lancée initiale qui fonctionnait. Personnellement il y a aussi eu quelques petits éléments qui m'ont frustré.e de ne pas avoir été abordés ou plutôt mieux approfondis. On en sait infiniment peu sur le personnage de Frank joué par Chris Pine qui aurait pu être encore plus intéressant s'il avait été un tout petit peu plus développé, là il se pose juste comme "je suis le méchant à vaincre" sans avoir de vraie intention autre qu'un égo surdimenssionné. Ensuite sa femme Shelley jouée par Gemma Chan, c'est quoi ce personnage ? Elle est au courant de tout, aussi bien que lui, affiche cette figure forte qui soutient son mari et a l'air de profiter tout autant que lui de cet univers malsain, et au dernier moment elle le plante comme ça d'un coup elle devient une gentille ? J'ai pas bien compris... Là où les autres femmes qui ne sont au courant de rien se rebellent un peu quand elles voient Alice essayer de s'échapper, d'accord je comprends, c'est le retour de leur mémoire traumatique, mais Shelley n'est pas comme ces autres femmes et n'a rien d'une victime dans cette situation alors pourquoi si ce n'est le plaisir ? Un dernier truc que je n'ai pas compris, les hommes en rouge. Oui d'accord, ils bossent pour Frank et font office de police dans ce monde fictionnel, mais est-ce que ce sont de vraies personnes ou des bots, et comment est-ce qu'ils peuvent juste arriver et sortir de nulle part toujours au moment précis où ils sont requis ? Si c'est parce que ce sont des bots justement, pourquoi ils ne peuvent pas juste pop up à côté d'Alice à la fin pour l'attraper et l'empecher de log off ? J'ai trouvé leurs apparitions incohérentes.

En fait je crois que c'est simplement la deuxième partie du film qui m'a semblé brouillon et un peu vite bouclée, en passant sur des codes du film d'action pour qu'on n'y voit que du feu. Même si l'ensemble du film reste satisfaisant et qu'on sort de la séance en se disant que c'était sympa, j'ai trouvé que ça ne dépassait pas le sympa justement. Le sujet est intéressant, le casting et le décor sont plein de potentiel et la réalisation donne envie d'en voir plus, mais l'ensemble reste imprécis, à l'image d'un deuxième long métrage. Malgré tout, j'irai volontiers voir les prochains films d'Olivia Wilde, qui nous a signé un beau film sur l'affirmation de soi et l'image de la femme dans un registre anticipation à la black mirror.

Créée

le 1 oct. 2022

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