Ça commence comme les films d'Apocalypse qui sont gravés au plus profond dans notre mémoire : avec de la science. Ça a toujours été l'appât, non ? De Deep Impact à Independence Day, c’est elle qui nous a comme donné l'autorisation de croire en la fin de tout. Bien calé dans son siège, on a donc raison de s’attendre à ce que Don't Look Up nous fasse imaginer le même genre d'impossible. Mais bientôt, une dissonance s'installe : au surréel d'une fin du monde imminente s’ajoute l'incrédulité des gouvernants, et l'incroyable incompétence d'une Maison Blanche livrée à l'égoïsme et à la sottise.
C'est d'abord difficile de trouver la place du comique dans ce film, notamment quand Meryl Streep amène une foule de nouvelles dissonances qui conduiront à la sous-utilisation des acteurs (ce qui est fort dommage quand on a Leo). J’imagine qu’il faut s’attendre à un tel genre de corrosion quand on manipule un rire très jaune qui se moque de beaucoup d'aspects du monde contemporain. Mais derrière la farce absurde et légère que McKay livre, il y a un drame sociétal effroyable : celui d'une population anesthésiée au merveilleux, rendue insensible à l'incroyable par un constant surplus d'informations. On rit, mais de quoi, de qui ? Au final, le film ne fait que tourner en ridicule ce qui est déjà ridicule : le règne de la superficialité, de libertés outrepassées, et une addiction au futurisme qui nous ferait dénier (ou embrasser) notre propre sort, même inéluctable.
La fin du monde de McKay n’est pas tant celle d’un monde imaginaire dévasté par un météore : c’est celle, loin d’être surréelle, où la fake news et la recherche d’attention dévorent jusqu’aux fondements de nos avancées sociales et technologiques, permettant à l’ignorance de prendre le pas sur la sagesse et la rigueur. Don’t Look Up tire une sonnette d’alarme importante : pourra-t-on toujours le qualifier d’œuvre de fiction ? Peut-on encore vraiment ?
J'ai cru pendant un moment que la faveur donnée à la parodie sur le genre d'anticipation finirait par me faire regretter le frisson des premiers instants, mais c'est l'inverse qui s'est produit et j'ai fini par plonger avec gratitude dans cet élan de joyeuse acerbité envers les travers de notre quotidien hyperconnecté. L'œuvre, malgré sa richesse, peut presque être résumée en son paroxysme : la chanson d'Ariana Grande (alias Riley Bina), qui transforme toutes les bonnes volontés de réparer le monde en un énième divertissement sacrifié sur l'autel du consumérisme et de la gloire éphémère. C'est méta, c'est engagé, c'est bien pensé et sa fais réfléchire : #JeValide, et surtout pensez à liker et partager mon analyse.