Une vérité si énorme qu'on ne pourrait la nier ?

"Mais il ne faut pas croire, parce qu’il a été parlé de gens priant toute la nuit, se réfugiant sur les navires ou s’enfuyant vers les montagnes, que le monde entier fût déjà plongé dans la terreur à cause de l’étoile. En réalité, les habitudes et la coutume dirigeaient encore le monde, et en dehors des conversations, à des moments de loisir, sur la splendeur de la nuit, neuf personnes sur dix s’affairaient à leurs occupations usuelles."

Extrait tiré de la nouvelle" L'étoile" écrite par H.G Wells en 1897.

Après avoir tenté d'offrir un film capable de faire comprendre à n'importe qui le concept économique astucieux derrière la célèbre Crise des Subprimes dans The Big Short, puis après avoir montré à quel point le vice président américain Dick Cheney était un sacré con durant la période des missiles en Irak des années 2000, le réalisateur Adam McKay rempile avec une nouvelle satire grincante, mais qui cette fois ne prend pied durant aucun évènement réel, j'ai nommée Don't Look Up.

Bien sûr, si ce film parlant de comment deux astronomes découvrent qu'une comète va s'écraser sur la Terre n'est pas une histoire vraie, on ressent très vite à quel point le réalisateur désire nous ancrer au plus près d'une réalité que l'on connaît fort bien via une satire sans détours des travers de notre société actuelle. Au delà de simplement montrer à quel point les gens au gouvernement misent d'abord sur leurs intérêts personnels immédiats avant de réfléchir aux besoins à long termes, McKay tente une réflexion plus poussée et variée autour de divers sujets, flirtant entre l'impact actuel du Covid 19 sur la véracité des propos scientifiques sans cesse remis en question, et les risques encourus à laisser des GAFA interférer dans la politique.

Pourvu d'un casting XXL, Don't Look Up vend du rêve en permanence, laissant un Dicaprio se donner à fond dans son rôle, revêtant à merveille la casquette d'un scientifique mal à l'aise avec les plateaux TV et la reconnaissance des réseaux sociaux. Et comment ne pas mentionner le total opposé du personnage, avec Jennifer Lawrence en scientifique émotive et n'arrivant pas à contrôler l'impact des réseaux sur sa vie privée ?

Avec un budget alloué clairement au dessus par rapport aux autres films de McKay, comprenant pléthores d'effets spéciaux ainsi qu'un montage frénétique de multiples plans d'une durée courte ayant sûrement nécessité un sacré travail en amont, on ressent cependant avec quelle difficulté le réalisateur essaie de ne pas sombrer dans une vision trop caricaturale face à la galerie de personnages tous plus idiots les uns que les autres qui défilent dans ce film. D'une présidente très Trumpesque clamant presque des "UR FAKE NEWS !" à tout bout de champ jusqu'à son chef de cabinet gamin et pourri gâté, le film ne tarit pas d'éloges sur comment tout pourrait facilement partir en vrille en cas de menace de fin du monde avérée, et n'hésite pas à mettre dans le même sac autant les médias abrutissant et lissant toute once de mauvaise nouvelles que les consommateurs peu alerte qui nient la réalité, même quand elle leur fonce dessus et fait 9km de diamètre.