Petite recette des fêtes de fin d'année : prenez une bonne poignée d'un événement cataclysmique comment une météorite, mélangez là à l'humanité, beaucoup d'Amérique, telle qu'elle est aujourd'hui et saupoudrez cela d'une pincée de cynisme. Pour finir, dégustez ce grand spectacle. Appelons cette recette La comédie humaine.
Et si notre espèce avait totalement troqué son instinct de survie pour un confort illusoire où le gossip est l'énergie la plus demandée sur terre (l'Amérique) ? Cette histoire inspirée "de faits potentiellement réels" et imaginée par Adam MacKay nous met face à nos propres contradictions. Nous sommes contestataires dans l'âme, mais n'arrivons rarement à nous défaire de nos petits conforts. Dans une ère où les réseaux sociaux font la loi, nous ne pouvons pas dire le contraire.
C'est entraînés par une distribution sans faille portée par Leonardo Dicaprio, Jennifer Lawrence et Rob Morgan que nos pauvres scientifiques vont se confronter à un monde dans le déni constant, préférant s'abreuver des frasques de leurs stars préférées plutôt que de croire que le monde touchera bientôt à sa fin. Ils ne seront évidemment pas aidés par des médias désincarnés et des politiques en pleine campagne électorale. À ce titre, Cate Blanchett et Meryl Streep sont caricaturalement formidables.
Adam MacKay c'est comme qui dirait un gros bourrin. Le réalisateur prend ses gros sabots avec lesquels il piétine sauvagement la subtilité pour mieux faire passer ses idées. Le monde et sourd et ignorant. Logique, il préfèrera donc l'évidence grossière à la subtilité de la subtilité. Le metteur en scène nous avait fait le coup avec l'excellent The big short sur la crise des subprime, avec Don't look up il casse des briques comme jamais. Mais cette insolence est assumée, ce qui a tendance à rendre son histoire particulièrement grinçante si ce n'est jouissive. On notera l'un des meilleurs running gag vu ces dernières années dans un film.
Il y a une tendance du cinéma de ces dernières années à mettre en scène le monde 2.0 sans prendre de pincettes. Ce fut le cas dernièrement pour le film de Lana Wachowski et son analyse du cinéma hollywoodien dans Matrix Résurrections. On peut même voir ces deux films comme un diptyque de l'état du monde et du cinéma. Ce qui ne va pas dans le cinéma (plus globalement la culture), c'est à plus grande échelle ce que ne va pas dans le monde.
Avec Don't look up, Adam MacKay raconte une histoire qui, sous ses atours co(s)miques, dévoile une tragédie humaine glaçante.