Glissement sémantique : Ce n'est pas un film d'épouvante, mais un thriller. Un jeu de cache-cache en huis-clos avec serrures, cadenas et clés à l'appui.
Un bon thriller. Le réalisateur Fede Alvarez ne nous assomme pas avec une musique omnipotente, pas d'effets spéciaux tape à l’œil, c'est du fait-main en quelque sorte et il faut faire silence...
Il dose parfaitement l'enchainement des évènements qui vont amener des jeunes paumés, pour diverses raisons, à entrer dans la maison de l'aveugle pour le cambrioler. Et au moment ou l'on pense se faire une idée claire, on se croit malin malgré l'ombre qui envahit tout, des motivations des protagonistes et de la suite de leurs mésaventures... Patatras !
On dit merci à Fede pour sa maîtrise du scénario, il m'a cueilli avec un bon coup de poing visuel alors que j'allais ouvrir la bouche pour bailler d'ennui :-))
Car il y a un scénario ! Il est simple mais devient redoutable dans l'obscurité naissante du soir, la pénombre pénible des pièces de la maison que nous visitons fébrilement puis avec une décontraction malsaine, enfin l'obscurité poisseuse, labyrinthique, pleine de chausses-trappes ravageuses qui les étrangle petit à petit. Tous. Enfin non, pas tous...
C'est une histoire qui nous explique, armes à la main, que nous ne sommes pas des saints. Que de sombres pulsions se planquent dans les recoins de nos consciences, que celles-ci peuvent surgir quand on ne s'y attend pas.
Images noircies par la saleté et la poussière générées par la solitude de l'aveugle. Tons allant du noir au gris métallique étouffant, la moindre lumière nous permettant illusoirement de respirer, et elle est rare.
Les acteurs sont bien choisis : Stephen Lang pour sa carrure d'athlète, qui sait pourtant se courber et tituber parfois sous le poids de son âge, de son handicap et de sa souffrance intérieure, le trio formés par la jolie Jane Levy, si blonde, gracile, aux yeux si lumineux, Dylan Minnette, au visage encore marqué par des mimiques enfantines d'épouvante et Daniel Zovatto dur à cuire, pas si dénué d'humanité qu'on pourrait le croire.
Bref, un thriller comme je les aime : Pas de litrons de sang, d'images écœurantes, mais des situations malignes avec un dernier tour de force de la part de l'équipe : Peut-on prendre parti pour un des protagonistes ?
Question ouverte !
PS : Pour ceux qui me connaissent bien, j'ai eu très peur au début et je suis contente car pour l'un des "acteurs", ça ne se finit plutôt pas trop mal ;-)