Sorti cet été aux États-Unis, Don't Breathe fut le succès surprise de la saison. Bien qu'il s'agisse d'une petite production horrifique, le film a dépassé, en terme de recette, des blockbusters comme Tortues Ninjas 2, Insaisissable 2, Alice de l'Autre Côté du Miroir, le Bon Gros Géant ou encore Warcraft. Pourtant, le scénario du film est extrêmement classique : un trio de jeunes cambrioleurs décident de frapper un gros coup en cambriolant une maison isolée dans laquelle se cache un gros magot. Malheureusement, le propriétaire cache quelques secrets et, malgré son infirmité (il est aveugle), n'a pas l'intention de se laisser dépouiller. Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue pour ne pas spoiler. Si cette histoire vous dit quelque chose, c'est certainement car elle ressemble très fort à celle du Sous-Sol de la Peur, un des meilleurs films de Wes Craven. Bref, rien de neuf sous la lune sombre du cinéma d'horreur ... Son succès, le film le doit à son bouche à oreille qui lui a permis de faire un vrai buzz. L'on parlait d'un film novateur, surprenant, très bien réalisé, ... Bref les spectateurs se passaient le mot pour encourager leurs amis à le découvrir.
Le film mérite-t-il cette flatteuse réputation ? Non, pas vraiment ... Attention, c'est un très sympathique thriller c'est vrai, mais personnellement j'ai trouvé qu'il n'exploitait aucune de ses bonnes idées. Le film essaye beaucoup de choses, aussi bien d'un point de vue scénaristique que du point de vue de la mise en scène. Malheureusement, ça ne va jamais au-delà de l'expérimentation. Au final, c'est extrêmement frustrant car je me suis dit tout au long du film : « la vache, s'ils avaient continué dans cette optique, ça aurait été tellement mieux ... ». Par exemple, lors de l'introduction des personnages dans la maison, on a droit à un plan séquence tout à fait incroyable. Là où généralement ce genre de scène est filmé dans des espaces extrêmement larges pour des raisons techniques, Fede Alvarez réalise le sien dans un espace très réduit. Jonglant sur les 3 personnages principaux en virevoltant au travers de pièces de petites tailles, la scène est techniquement bluffante et exploite très intelligemment ses décors. Malheureusement, cet exploit ne sera plus jamais réédité dans le film et l'utilisation de l'espace deviendra de nouveau banale durant la suite du métrage.
Il en va de même pour l'exploitation des « sens ». Le film s'appelle « Don't Breathe », ce qui signifie en français « ne respire pas ». Ce titre vient du fait que les héros doivent éviter un maximum de faire du bruit pour ne pas être repérés par le propriétaire de la maison. Si le film traite cette idée lors de quelques scènes, le tout est totalement sous exploité et l'on ne joue quasiment jamais sur l'ambiance sonore. Alors que l'on aurait pu s'attendre à un travail sur le son très intéressant, il n'en est malheureusement rien. Et c'est pareil pour la vue. Sans trop spoiler, vers le milieu du film, les cambrioleurs se retrouvent dans le noir intégral et deviennent, de la sorte, aveugles à leur tour. À partir de là, le film commence à être tourné (admirablement) en vision nocturne. Je me suis dit : « voilà, c'est ça le concept du film ». Mais non ... Après 5 minutes extrêmement puissantes en tension, on revient à la normale et ce « concept » ne sera, lui non plus, jamais exploité ...
C'est vraiment ça le problème de Don't Breathe, le film est frustrant ... Il y a plein de qualités, allant d'un Stephen Lang bluffant et terrifiant dans son rôle de victime/prédateur à des audaces techniques assez rares dans ce style de production. C'est efficace et il y a vraiment de la tension, mais l'on se dit en permanence : « Mais pourquoi n'ont-ils pas plus exploité cette idée !!! ». Si l'on ajoute à cela un twist assez débile en milieu de métrage et une fin décevante, le film ne se démarque finalement pas tellement du tout venant des productions du genre. Même s'il reste clairement dans le haut du panier, on est quand même loin d'une œuvre novatrice qui marquera le genre.


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le 5 janv. 2017

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