Sympa le film ! J'y croyais pas trop pourtant, la bande annonce ne m'ayant pas convaincu à cause d'une idée de base qui semblait exploitée avec sensationnalisme.
En fait ça se passe plutôt bien, calmement. Hormis le fait que ça commence par la fin et que les 10 dernières minutes soient ridicules justement à cause de ce que je redoutais. Puis on peut reprocher aussi un concept mal exploité durant la première moitié du film : le type n'entend rien et a un très mauvais odorat. Autant l'écoute je peux comprendre, ce n'est pas forcément qu'il n'entend rien mais une maison fait du bruit, il peut très bien considérer comme insignifiant les petits bruits que font les cambrioleurs (après tout, il est plutôt bien barricadé) en revanche, quand il passe à un mètre de la fille sans rien remarquer et puis par après sentir l'odeur des chaussures bien plus tard...
Mais pour le reste, c'est quand même bien ficelé, bien foutu, bien pensé. Et tout ça c'est grâce à l'ironie dramatique, un ingrédient narratif trop rarement exploité de nos jours et qui pourtant amène tant de bonnes choses. L'ironie dramatique, c'est quoi ? C'est simplement le fait que le spectateur ainsi que des personnages savent des choses que d'autres personnages ne savent pas. Et ces choses, le scénariste en joue. Par exemple, toutes les scènes où le type vit sa vie sans se douter que les cambrioleurs l'observent. Cela amène un point de vue intéressant et puis cela permet de jouer avec l'ignorance jusqu'à la découverte de la vérité.
Les personnages ne sont pas inintéressants mais ils ne sont pas très construits non plus. Le début, c'est même un peu lourd ces histoires de famille. D'ailleurs, quand je me suis souvenu que le réalisateur de ce film avait réalisé le remake de "Evil Dead", je me suis dit : "ha ok, j'ai compris maintenant". C'est vrai que c'est chiant ce genre de manie d'affubler de pathos tous les personnages dans un film d'horreur. Le méchant est très très chouette, une belle figure pour cette incarnation du mal. Le visage est suffisamment horrible pour marquer (ces gros plans de ce visage au regard mort). Les dialogues sont assez peu nombreux, ça aussi c'est très bon, et quand vient le temps des explications à la fin, l'auteur reste juste, il n'en fait pas trop ni trop peu. Le personnage féminin agace fortement et pour cause : elle est une des raisons pour lesquelles c'est la merde (c'est de sa faute si le gentil cambrioleur meurt en fait, avec ses satanés caprices).
La fin, comme je l'ai dit, est très mauvaise. On ne comprend pas trop les choix des personnages, que ce soit le déverrouillage de porte (il avait pourtant commencé à la déverrouiller avant de descendre !?) ou encore l'état dans lequel il laisse l'adversaire ou bien la facilité avec laquelle la gonzesse récupère la télécommande. C'est dommage.
La mise en scène est très bonne. Plein de mouvements de caméra qui m'ont un peu fait penser à du Fincher : ce début où on investit la maison, où la caméra passe d'une pièce à l'autre en devançant ou en suivant les protagonistes, c'est bien foutu. L'ambiance est soignée au travers de cadrages bien composés (une belle esthétique) mais aussi grâce à un jeu de lumière bien employé (la séquence dans le noir est assez réussie et s'intègre très bien au métrage). Je regrette quelques effets de montage, surtout lorsqu'un personnage meurt mais pour le reste c'est du solide. Le lieu est bien exploité : on reconnaît bien les pièces et on se situe assez facilement (on ne se sent donc jamais perdu). La BO fonctionne bien aussi, pas trop envahissante, idéale pour faire monter la tension. Enfin les acteurs sont bons ; on retiendra surtout le jeu de Lang, totalement possédé par son rôle, alors que ses compagnons de jeu, forcément moins gâtés par leurs personnages, s'en sortent correctement avec un jeu plus traditionnel, avec les émotions habituelles attendues.
Bref, c'était assez chouette mais ça aurait pu être mieux.