
Toute la promo autour de ce film, "le meilleur film d'horreur américain des 20 dernières années", le titre "La maison des ténèbres" ainsi que la bande-annonce sont extrêmement trompeur ! En effet, je m'attendais à un film d'horreur et selon moi, Don't breathe n'en est pas un. Ou alors on a pas la même définition du film d'horreur. Evil Dead, premier film du réalisateur Fede Alvarez, appartient au genre horrique. Or, là, c'est un vrai thriller haletant au suspense minutieusement aiguisé ! Mais ne vous attendez pas à un film de genre car aucun esprit, ni monstres ni giclure de sang abondante ne viendront vous effrayer ! C'est du pure suspense dans un huis clos où les intrus deviennent les proies et où les victimes deviennent prédateur. Cela répond parfaitement à l'expression "L'homme est un loup pour l'homme". Très ingénieux, des mouvements de caméra d'une fluidité étonnante et une interprétation dans l'extrême tenue par des acteurs au taquet, Don't breathe est une histoire originale qui contourne les "déjà-vu" et les clichés maintenant presque habituels des films de cet acabit. Pour ma part, j'ai beaucoup pensé à Panic Room avec Jodie Foster qui relate d'événements similaires ou encore au vieux film Cujo pour certaines scènes. Ici, trois jeunes en quête d'un nouveau départ souhaitent braquer une maison en plein quartier déserté de Détroit où réside un vétéran aveugle qui aurait des milliers de dollars en sa possession. Seulement voilà, ce qu'ils pensaient être du gâteau se révèle être un vrai calvaire car cet ancien combattant, bien qu'handicapé, réserve bien des surprises... Le scénario est intéressant et subtil car il nous place, en tant que spectateur, en porte-à-faux, c'est-à-dire qu'il nous rend témoin d'un incident qui dégénère et s'embourbe dans l'irréparable. Comme si nous devions choisir notre camp. La tension est palpable en continu et le fait d'être dans un huis-clos nous place directement dans la situation. Les scènes où l'aveugle ne sent pas la présence des autres dans la même pièce sont à couper le souffle, au sens premier du terme. On s'attache facilement aux personnages des jeunes braqueurs, même si ils ont pris la pire décision de leur vie en faisant ce braquage, et les jumpscares sont d'autant plus efficaces grâce à cette proximité ! La scène dans la pénombre totale est très réussie et rappelle des moments d'angoisse profonde comme dans la scène du grenier dans Rec pour n'en citer qu'un. Le secret du propriétaire est inattendu et très bien amené, ramenant sur le tapis un fond psychologique angoissant et complexe. On retient la super prestation des acteurs dont le souffle nous tient en haleine tout du long. Mention spéciale à Stephen Lang qui, habitué aux rôles de méchants (souvenez-vous dans Avatar...), renferme toute l’ambiguïté troublante entre sa position de victime et ses sombres secrets. Un super film d'angoisse, donc, original et à l'esthétique sombre mais je le répète, ce n'est pas un film d'horreur. Il n'y a pas de fantastique ni de gore, tout se joue dans un rapport de force, incluant subtilement le spectateur dans ce jeu dangereux et violent du chat et de la souris.