Don't Breathe : La Maison des ténèbres par SoiM

Don't Breathe est le nouveau film de Federico Alvarez, petit prodige uruguayen propulsé par Sam Raimi pour réaliser le remake d'Evil Dead. Deux choses frappaient alors : le côté très gore, d'abord, plus proche du cinéma d'Alexandre Aja que du traditionnel fantastico-horrifique qu'on nous sert 20 fois par an ; et le côté artisanal, le film délaissant au maximum le numérique pour la bonne vieille pompe à sang, les prothèses en plastique et de nombreux autres procédés à l'ancienne.

Le résultat était bluffant, bien que trop choquant pour toucher un public large.

Avec Don't Breathe, également produit par Sam Raimi, Fede Alvarez réitère et nous livre, pour la seconde fois, un film qui s'affranchit de presque tous les codes du genre.

Doté d'un budget très serré, le film jouit d'un dispositif technique très minimaliste : une demi-douzaine d'acteurs, une maison... et c'est tout. Dans ce huis clos, une bande de jeunes habitués aux petits larcins investissent la piaule d'un vétéran, Hero de guerre, aveugle, ayant perdu sa fille dans des circonstances tragiques. Le but : récupérer l'argent du dédommagement pour la perte de l'être cher.

Cependant le vieil homme, seul depuis (trop) longtemps et paranoïaque, connait parfaitement sa maison, contrairement aux assaillants, et peut évoluer en l'absence de lumière pour les traquer...

Le film est donc un objet curieux. Celui qu'on qualifiera de méchant nous fait de la peine, et selon les lois américaines, se trouve dans son droit. Les gentils eux, n'hésitent pas à s'attaquer à un homme meurtri par la vie, aveugle, en apparence sans réelles possibilités de se défendre. Intéressant.

Techniquement, c'est également très bon. Entre plan séquence d'exposition rappelant Panic Room de David Fincher, variations d'environnement et jeu sur les sons, Fede Alvarez s'en sort avec les honneurs sur un second film pourtant très compliqué. Néanmoins, il faudra passer outre quelques incohérences, notamment au niveau du bruit (puisqu'un non-voyant a l'ouïe bien plus fine qu'une personne voyante).

Reste que, malheureusement, le film loupe sa cible.

En effet, pour les raisons évoquées, on s'identifie difficilement aux personnages. De plus, à cause de la dimension "huis-clos à l'aveugle" laissant peu de place à la vraie surprise, le film n'est pas effrayant.
Ainsi, sans pour autant s'ennuyer, on suit le film avec curiosité mais sans réelle tension. Un comble pour un film d'horreur.

Finalement, si la volonté de tout bouleverser est louable et bien exécutée, on peut s'interroger sur sa pertinence dans un film d'horreur.
L'intérêt grandi du spectateur pour l'originalité s'effectue selon moi au détriment de l'immersion, de l'angoisse et donc, de ce qui fait une oeuvre horrifique réussie.

Un loupé donc. Mais un loupé à voir, absolument.