Annoncé comme le meilleur film d'horreur de ces dernières années par un grand public très probablement en manque de frissons depuis un bon moment, Don't Breathe était ma foi très prometteur, surtout grâce à son idée de départ et des multiples possibilités qui pouvaient en découler, principalement du côté de la mise en scène.
Alors, petit bijou horrifique ou pétard mouillé le dernier rejeton de Fede Alvarez ?
En premier lieu (et puisque nous évoquions la réalisation du film un peu plus haut), nous pouvons constater une certaine rigueur dans l'aspect visuel de ce film. Oui, Don't Breathe bénéficie d'une réalisation somme toute plutôt correcte et assez propre. C'est efficace quand il s'agit d'instaurer un semblant de tension et c'est plutôt lisible lors des scène d'actions, malgré un éclairage un peu trop sombre qui nous empêche de tout discerner en détail (et pas sûr que ce soit volontaire lors de certains passages). Dommage cependant que cette réalisation reste majoritairement fonctionnelle tout le long du film et qu'aucun passage ne marque vraiment les esprits, hormis un plan séquence quelque peu m'as-tu-vu. La photo est également plutôt travaillé, quoique un peu trop criarde à certains moments.
Mais un fois tout l'aspect visuel mis de côté, que reste t-il de Don't Breathe ? Et bien pas grand chose. Car le film, d'abord plutôt prenant et inventif une fois que la partie home invasion commence, fini par sombrer dans la redondance, et finalement plonger le spectateur dans l'ennui le plus total pendant une bonne partie du film. Là un Don't Breathe s'embourbe aussi (et c'est plutôt embêtant), c'est sur le traitement de l'aveugle et de ses capacités. Aveugle qui peut par exemple repérer des chaussures à l'odeur, mais qui est incapable d'utiliser la même technique lorsqu'un des protagoniste le frôle, un exemple parmi tant d'autres plutôt dur à avaler. Signalons aussi un abus de jumpscares à la fois grossiers et inefficaces.
Lorsque l'histoire tente de partir dans une autre direction, c'est pour multiplier incohérences, invraisemblances et deus ex machina des plus forcés ("alors en fait le gars il est mort/attaché/assomé mais en fait non"), tout ça pour terminer dans un mauvais remake de Cujo, fort heureusement plutôt court.
Dommage aussi que le traitement de l'aveugle (campé par un Stephen Lang pas très convainquant, il faut le dire) soit aussi décevant. Car plutôt que d'iconiser le personnage en lui donnant un côté bestial et donc effrayant, le réalisateur préfère le filmer comme un simple tueur lambda.
Et pour finir, il convient de se poser une question très simple : Don't Breathe fait-il peur ? En ce qui me concerne, la réponse est non. Si le film parvient à instaurer une certaine tension dans sa première partie comme dit plus haut, le soufflé s'effondre totalement par la suite.
Bref, Don't Breathe n'est clairement pas le fameux film d'horreur qui marquera les esprits longtemps après sa sortie, malgré quelques qualités, dont sa réalisation plutôt travaillée. Reste à savoir si Fede Alvarez (déjà réalisateur du remake d'Evil Dead) saura continuer sur sa lancée lors de ses projets futur, avec notamment une adaptation du dernier tome de Millenium.