Remarqué par Sam Raimi suite à son court-métrage Panic Attack, Fede Alvarez se vu confié les commandes du remake d'Evil Dead, avec un résultat qui divisa le public de par son approche très premier degrés du matériel d'origine. Le jeune réalisateur uruguayen revient donc après 3 ans de silence pour nous livrer une nouvelle dose de frayeurs via Don't Breathe.


Commençant par nous présenter le quotidien de notre trio de braqueurs, on cerne rapidement le caractère et le vécu de chacun. Cette introduction permet de rendre logique les motivations les poussant à voler le butin d'un vétéran de guerre aveugle. Cette mise en place, certes convenue quant à la personnalité des trois jeunes, servira surtout à justifier et décupler l'impact émotionnel des scènes à venir.

Passé le quart d’heure de présentation, le trio part effectuer sereinement leur nouveau larcin. Évidemment, entre la théorie et la pratique, il y a un gouffre et nos protagonistes vont vite l'apprendre à leur dépens.


Don't Breathe n'est pas une œuvre dotée d’ un des scripts les plus orignaux qu'il existe, certes. Par contre, la réalisation de Fede Alvarez a le mérite de créer, à partir de ce grossier matériau, un petit bijou sombre et captivant.
En effet, ce qu'il perd en inventivité scénaristique, l'auteur le compense par sa capacité a élaborer des séquences stressantes. La mécanique du cambriolage est loin d'être convenue. Le silence est le maître-mot surtout lorsque l’occupant à l’ouïe fine. Ce détail, de prime abord anodin, va être exploité pour donner lieu à de nombreux moments de tensions et générer diverses problématiques pour les intrus. Comment sortir d’un bunker dont le propriétaire connaît chaque recoin ? Faut-il fuir pour sa vie ou récupérer coûte que coûte le butin ? Comment s'orienter silencieusement dans une bâtisse inconnue ?

Ces différentes interrogations sont d'autant plus fortes puisque l'auteur a pris le temps de nous présenter les enjeux que représente ce cambriolage. On est ainsi impliqué émotionnellement dans chaque décision prise et par ses conséquences.

Outre sa capacité à créer une œuvre où la tension réside autant sur un mécanisme classique de jumpscares que dans le devenir de ses personnages, l'auteur semble avoir pleinement conscience des limites d'un huit-clos.


En effet, de par son casting restreint et sa rapidité à entrer dans le vif du sujet, l'œuvre prenait le risque de vite tourner en rond et ainsi se transformer en une interminable exfiltration multipliant les tentatives de sortie. Un problème qu'élude l'auteur en injectant de nouveaux éléments en cours de route permettant ainsi de redéfinir dynamiquement les enjeux.
Outre l'évolution du récit, le facteur rendant l'ensemble captivant est assurément la facture technique de la bobine. Que se soit en élaborant des séquences silencieuses a s’en percer les tympans, en plongeant ses protagonistes dans une obscurité absolue ou en étirant certaines scènes via de long plan-séquence, Fede Alvarez multiplie les angles d'attaques afin de capturer toute la tension de ces scènes pour nous faire vivre une expérience inconfortable à souhait.


Malgré ses nombreuses qualités, Don’t Breathe n'est pas exempt de défauts. Le final, bien que riche en émotions, donne l'impression que l'auteur ne savait pas quel axe choisir pour sa conclusion et en incorpore donc plusieurs. De même, l’ultime scène du film semble plus avoir un intérêt commercial qu'artistique.

On ressent aussi, à certains moments, que le rapport de force entre le vétéran et les jeunes est faussement équilibré pour éviter de sacrifier trop rapidement certains protagonistes.

Pour autant, en adoptant un rythme où un danger immédiat en remplace un autre, ces éléments ne sont pas flagrants lors du visionnage, mais découlent plus d'une analyse post-séance.


En somme, Fede Alvarez réussit à nous captiver de bout en bout en alliant un scénario classique, mais ponctuait d'éléments malsains, à une réalisation très efficace. Une expérience délicieusement inconfortable, surtout sur grand écran, à visionner si vous êtes un afficionados de huit-clos oppressants, un fan de Stephen Lang ou encore un nostalgique de Le sous-sol de la peur de Wes Craven.

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le 29 oct. 2016

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