Je n’aime pas trop Lars Von Trier.

Il faut dire que je ne connais pas vraiment le réalisateur, et que je n’ai en fait pas vu beaucoup de ses films. Sa réputation précède mon jugement.

Néanmoins, je dois admettre qu’il a parfois de bonnes idées ; et c’est le cas avec le concept de Dogville : faire un film avec un décor minimaliste.

On voit les personnages, quelques objets avec lesquels ils rentreront en contact, les limites de la ville, la démarcation des habitations, et au milieu de tout cela, un chien, simplement illustré par quelques coups de craies sur le sol, et dont on ne connaît que le nom, Moïse, rappelant le prophète sauvé des eaux. Je ne sais pas trop si cette mise en scène est inédite au cinéma, mais c’est la première fois que je voyais une telle idée dans le 7e art.

Au début, ça ne m’a pas aidé à rentrer dans le film, d’autant que je trouvais la voix off bien trop présente.
Mais rapidement, on oublie le fait qu’il n’y a pas de décor. Les personnages se suffisent à eux-mêmes, et la scène permet une totale transparence entre eux. La voix off est omnisciente, et c’est logique, cela va dans la continuité de ce qui a été mis en place. De même, le spectateur a une vue d’ensemble sur tout ce qu’il se passe dans le petit village de Dogville.

Il n’y a en fait qu’une seule chose qui soit réellement invisible pendant tout le film, c’est ce qu’il y a au fond du personnage principal, Grace.
Dès son apparition, on sait bien qu’elle n’est pas innocente, elle cache quelque chose. Les habitants de la ville le savent aussi, mais lui accorde cette grâce, la confiance. Mais à la fin du film, c’est bien à cause, et non grâce, à son secret que les évènements vont tourner au drame.


Si vous n’avez pas vu le film, ne lisez pas la suite, sauf si vous souhaitez vous gâcher un grand moment de cinéma.

La dernière partie du film est vraiment impressionnante, inattendue.
Alors que Grâce, après avoir passé tout le film sous le statut « d’esclave », et une fois son secret révélé, se voit accorder un important pouvoir de décision, la fin de Dogville (la ville et le film) s’approche.
Alors toute la ville est brûlée. Mais qu’y a-t-il à brûler, il n’y a pas de décor ? C’est avant tout les idées, les pensées, les espoirs nourris tout le long du film qui sont anéantis. Nous voyons tous les habitants se faire tuer un à un.

Tout disparaît.

Et au milieu de la ville détruite, de ce vide, apparaît le chien, Moïse, survivants des flammes.
Il peut être intéressant de comparer cet animal au prophète biblique, mais j’avoue n’avoir pas compris l’exacte signification du chien dans cette histoire. Il est pourtant bien central.

Au final, c’est bien l’homme, en tant qu’habitant, qui est peut être comparé à un animal. Chaque ville est peuplée de ces animaux. Nous. Ne sommes-nous pas des habitants de Dogville ?
TheBadBreaker
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Regarde Sasory, je n'ai pas si mauvais goût !, Les meilleurs films de 2003 et Films Uniques

Créée

le 6 juil. 2014

Critique lue 3.1K fois

31 j'aime

1 commentaire

TheBadBreaker

Écrit par

Critique lue 3.1K fois

31
1

D'autres avis sur Dogville

Dogville
Torpenn
5

Amazing Grace

Lars von Trier raconte l'Opéra de quatt'sous avec la voix off de Barry Lyndon et les chapitres de Winnie l'Ourson, et ça donne Dogville, film intéressant, parfois, mais pas complètement, hélas. Sous...

le 18 août 2011

76 j'aime

47

Dogville
blacktide
8

And Grace my fears relieved

Mettre des mots sur ce film pourrait paraître presque indécent. Puisque les mots ne se pansent point, et les maux ne se pensent pas. Ou peut-être que si en fin de compte. Nos maux sont à chaque...

le 19 mai 2018

65 j'aime

16

Dogville
Krokodebil
9

La chienne et les pommes.

Il est de ces soirs où l'on ressent l'irrépressible besoin de se faire du mal sous prétexte de se cultiver. Un peu désœuvré, cherchant des excuses pour ne pas travailler sérieusement à des sujets...

le 11 août 2014

40 j'aime

5

Du même critique

Utopia
TheBadBreaker
8

Maîtrise du chaos

Utopia est une série britannique dantesque, qui prend une ampleur monumentale dans sa deuxième saison. La série entière n’est composée que de 12 épisodes, si vous cherchez une petite pépite pour vos...

le 26 mars 2015

137 j'aime

7

Gone Girl
TheBadBreaker
9

Fincher is coming

Arrivé à la fin du film, j'ai senti un truc sur ma joue… et je me suis rendu compte que je venais de me prendre une grosse baffe... Gone Girl a été une réelle surprise pour moi. D’une part, et c’est...

le 9 oct. 2014

131 j'aime

21