Ce film m'avait fait une très forte impression la première fois que je l'avais vu. En le revoyant plusieurs années après, j'ai été frappé de me rendre compte qu'il était si triste et pessimiste, alors que ce n'est pas le sentiment qu'il m'avait laissé.
L'histoire raconte la vie de plusieurs personnes dans une sorte de bidonville japonais, où misère, alcoolisme et folie se côtoient joyeusement : un jeune illuminé, passionné de tram et persuadé d'en conduire un, qui traverse tous les jours le bidonville en scandant "Dodes'kaden, dodes' kaden" ; un père et son fils, sdf vivant dans une carcasse de voiture, le père passant ses journées à construire mentalement leur splendide future maison ; deux couples amis, les 2 maris étant des poivrots qui ne savent jamais très bien laquelle des deux maisons, ni des 2 femmes est la leur ; une jeune fille exploitée par son oncle-père adoptif, qui la force à travailler sans relâche pendant qu'il passe ses journées à boire ; un père de famille nombreuse dont aucun des enfants n'est de lui...
Bref, pas de personnage principal, encore moins de héros dans ce film, où chaque victime semble accepter son sort sans même songer à se rebeller contre le sort, ou les bourreaux qui les exploitent.
Ce fut le premier film "en couleurs" de Kurosawa, on dit que l'échec commercial du film, additionnées à des critiques acerbes et à des problèmes de santé l'auraient poussé à faire une tentative de suicide. Quoiqu'il en soit, la vision du film ne reflétait déjà pas une joie de vivre extrême...
Mais malgré tout ça, ce film est drôle, ce qui, non seulement le sauve, mais lui donne toute sa complexité. Dans toute cette misère, et pas seulement matérielle, on pourrait tomber dans un drame où tout va mal, mais Kurosawa arrive à rendre ses personnages attachants par leur faiblesse, sans fausse compassion, et drôles sans les humilier...
La mise en scène, avec notamment la composition quasi-picturale de ses plans, le jeu avec les bruitages et la bande sonore et toutes les petites trouvailles (que je ne dévoilerai pas), font à mon sens de ce film un petit bijou.
félis
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le 7 avr. 2011

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félis

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