Un poison nommé Wanda

Le week end dernier, je lançais le Blu Ray de Spider-Man : No Way Home, très fraîchement reçu dans ma boîte aux lettres, pour essayer de réévaluer le successful Marvel de 2021.

… Et finalement me souvenir de mon expérience ciné très contrastée, entre le plaisir de revoir certaines têtes à l'écran, vite éclipsé par le viol de ce que Sam Raimi avait fait à l'occasion de la première trilogie du tisseur, un multivers exploité sous l'angle de la paresse d'un fan service qui finissait par sortir par les trous de nez, et un humour mal placé braconnant du côté du bouffon.

De quoi peut être penser que les studios Marvel, alors qu'ils ouvraient une fenêtre sur des mondes infinis, commençaient à tourner en rond. Juste un peu.

Mais il ne manque pas de sel de constater que ce Doctor Strange in the Multiverse of Madness se présente comme l'exact inverse de Spider-Man : No Way Home... Et soit repris par celui que l'on a pillé seulement quelques mois auparavant.

Car là où Peter Parker peinait à convaincre et à faire autre chose de son dîner de famille qu'une réunion d'anciens combattants boiteux, Stephen Strange, lui, exploite son univers avec malice et fonce à cent à l'heure, sans jamais se retourner. A l'image de cette introduction des plus dynamiques, suivie d'un premier combat mettant en scène Shuma Gorath, vilain oublié que l'on n'aurait jamais cru pouvoir admirer dans un film de super héros.

L'oeuvre s'envisage donc comme un solide et immense shoot d'adrénaline euphorisant qui emporte tout sur son passage et apporte, en comparaison de son collègue maladroit, bien plus de surprises, de sources d'émerveillement, d'apparitions réellement convaincantes et d'évolution de ses personnages principaux.

Et si Strange évolue à domicile et voit l'ampleur de ses compromis visitée et son approche des ténèbres creusée, c'est la Sorcière Rouge qui lui vole la vedette à chaque fois qu'elle paraît à l'écran, rongée par le drame de la perte qu'elle endure et le mal d'enfant qui l'étrangle. Des enjeux loin des menaces habituelles la hissant, avec Loki et Thanos, au panthéon des antagonistes du Marvel Cinematic Universe.

Et puis, il s'agit quand même de la jolie Elizabeth Olsen à l'image, aussi.

Wanda et Stephen, avec ce Multiverse of Madness, s'imposent comme les parfaits vecteurs de l'exploration du côté sombre et horrifique de l'univers Marvel, souvent teasé mais très rarement mis en image... Jusqu'à aujourd'hui.

Un projet qui semblait donc taillé sur mesure pour Sam Raimi, dont on était sans nouvelle depuis le bouillon un peu injuste du Monde Fantastique d'Oz. Et l'on peut dire, pour le moins, que l'ami Sam, tout en se fondant dans le cahier des charges Marvel, nous concocte un véritable festin visuel tirant toujours autant partie de sa composante multiverse. Tout en enchainant tant les clins d'oeil à sa filmographie, jusqu'à renouer avec le feeling de Intuitions, que les visions de violence les plus décomplexées rarement vues dans un film Marvel.

Et ce jusque dans une séquence de possession (je n'en dirai pas plus sous peine de spoiler) qui en dit long sur ce que semble penser de tout cela le réalisateur, que l'on imagine toujours avec un petit sourire en coin de sale gosse.

Doctor Strange in the Multiverse of Madness, plus resserré, mieux tenu, moins paresseux que Spider-Man : No Way Home nous fait renouer avec une certaine forme de plaisir enfantin, celui qui n'a pas encore été contaminé par la lassitude ou encore le cynisme que certains adoptent face au Marvel Cinematic Universe.

Il manie ensuite de manière extrêmement séduisante, grâce à son réalisateur, à un énorme pouvoir ludique rafraîchissant, qui ne saurait être entamé par une rédemption quelque peu précipitée, seul léger défaut que notre bon Docteur n'a pas été en mesure de trouver un traitement.

De quoi apporter, non pas du sang neuf, mais une bonne dose de magie bienfaisante à un univers Marvel un peu en perte de vitesse.

Behind_the_Mask, qui se met le doigt dans l'oeil, et pas ailleurs...