Viens voir le Docteur non n'aie pas peur...♫

Tiens, je pensais que ce titre de critique aurait déjà été utilisé...


Bon, le Docteur, ici, il est loin de porter un bonnet en grosse laine et de parler de manière nonchalante. Et il ne soutient pas non plus un teckel surexcité qui semble bourré de puces. Il ne fait que soutenir sur son nom une oeuvre très agréable et spectaculaire. C'est ce que celui qui a payé sa place est venu chercher après tout, non ?


Sûr que les bougons en seront encore d'une énième "marvelconnerie" condescendante, qu'ils nous souleront en disant qu'il faut décidément bien aimer se faire entuber pour apprécier ce cinéma porté à un tel degré zéro du néant et que la formule ne change pas d'un iota. Tant pis. Je ne leur donnerai pas tort sur ce dernier point, Doctor Strange se construisant comme une autre origin story. Un peu obligé, vu la popularité peu évidente du personnage, qui pourrait être qualifié de seconde zone s'il ne faisait pas partie des illuminati. Autre défi que Marvel devait relever : intégrer son héros dans son univers partagé, alors même que celui-ci n'est pas très tourné dans l'occulte.


Il faudrait être de mauvaise foi ou particulièrement hypocrite pour ne pas reconnaître que la Marvel a visé dans le mille. Côté personnage, passée une scène d'exposition incroyable, il est dessiné en dix minutes, pas plus. Tout d'abord en lorgnant du côté du Tony Stark d'Iron Man en lui empruntant sa richesse, un certain cynisme et un côté égoïste. Cependant, Stephen Strange n'est pas sympathique, comme Tête de Fer. Son complexe de supériorité est évident, l'homme cassant, presque antipathique. La seule force à l'oeuvre dans sa déchéance est lui-même. Scott Derrickson lui fait ensuite emprunter la voie de l'exil, comme dans Batman Begins. Sans cependant, la noirceur Nolanienne. Doctor Strange n'en a pas besoin.


Ce sera à partir d'ici que le bon Docteur, comme le spectateur, sera plongé en plein occultisme, via des visions impressionnantes et extraordinaires qui s'enchaînent, passant le multivers en revue, de la dimension noire à la dimension miroir qui tord la réalité comme elle tord les immeubles dans une mosaïque formant parfois un trompe l'oeil vertigineux, souligné par une bonne exploitation de la 3D. Ici, Marvel semble regarder du côté de l'Inception, en reprenant les visions saisissantes des bâtisseurs de rêves qui y évoluaient. Les détracteurs hurleront encore une fois aux fonds verts bien visibles et dégueulasses, à l'overdose de SFX qui leur filent la nausée tellement c'est mal fait. Comme d'habitude, donc. Tant pis. Car Marvel y inscrit des scènes d'action incroyables, comme cette course poursuite new yorkaise jamais vu dans le MCU et tire le meilleur parti de son univers magique en l'intégrant sans heurts majeurs. Bien mieux que son Thor, qui marche aussi sur son abondance d'univers.


Doctor Strange délivre ainsi un plaisir intense et immédiat, tablant sur le spectaculaire de son environnement ainsi que sur les différents plans sur lesquels les personnages s'affrontent. La mission est donc accomplie avec brio, Stephen Strange s'imposant comme un personnage cassé (sur de multiples aspects) qui présente au spectateur, en creux, déjà, la question de la responsabilité, de l'affranchissement des règles et du prix de ses actes. Cette dernière thématique, mise en perspective dans sa confrontation avec l'Ancien et Mordo, est porteuse de quelques belles promesses pour les suites potentielles qui pourraient donner à Strange une dimension plus tragique que celle de ses congénères.


Certains pourront regretter l'apprentissage un peu précipité du bon Docteur en matière de magie et d'occulte, même s'il donne lieu à une composition de son costume bien connu plutôt astucieuse et sortant des sentiers battus. Je relèverai quant à moi que le design choisi pour l'ennemi le plus classique de Stephen Strange apparaît un peu raté. Tant pis. Car Doctor Strange, si l'on passe outre ces menus défauts, est une réussite inattendue, tant l'univers qu'il déploie est riche et fourmille de possibilité, tant son personnage se détache des autres, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps dans le MCU. Rien que pour cela, Doctor Strange vaut le coup d'oeil... D'Agamotto bien sûr !


Behind_the_Mask, qui aime bien jouer au Docteur...

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le 26 oct. 2016

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