Didier
5.8
Didier

Film de Alain Chabat (1997)

Beaucoup vu à l’époque. Et ça me fait toujours plaisir de le revoir aujourd’hui. C’est le prolongement de l’humour des Nuls, qui sera à son apogée cinq ans plus tard dans Mission Cléopâtre. Mais je crois que je le préfère à Mission Cléopâtre in fine. Là on sent qu’il y a un désir pour Chabat de jouer avec son propre corps, avec Charlot et Keaton en référents, c’est plutôt jouissif, même si pas toujours fait avec une grande finesse, ne serait-ce que dans l’utilisation musicale de Ragasonik. Il rate des trucs. Mais il tente tellement.


 Et si c’était dans sa satire de l’univers footballistique que le film s’en sortait le mieux ? Ce n’est pas le Coup de tête, d’Annaud mais l’on sent du cœur à l’ouvrage dans la pluralité de ses saynètes qui s’échinent à régulièrement égratigner les coulisses du monde du ballon rond – Le milieu des agents, en particulier, puisque c’est le métier de Jean Pierre dedans, agent au sein du Sporting club de Bastia. Le match au Parc des Princes en point d’orgue sera à la fois le sommet et le décalage tant Chabat verse allégrement dans le non-sens post Nuls (Son personnage y retrouvera ses traits canins sur un baiser revenu de loin) et virevolte entre le terrain, les tribunes, les vestiaires, les commentateurs, le banc de touche, les dirigeants, les spectateurs et les supporters, avec une dynamique endiablée dans le montage absolument réjouissante.
Avant cela c’est du corps d’Alain Chabat dont il est évidemment question. Et c’est très probablement Didier qui lui aura permis d’aller si loin, de se ridiculiser et/ou de se donner allègrement en spectacle. Je pense qu’il y a d’abord de cela chez Chabat, dans chaque projet, c’est le dénominateur commun : Jouer les trublions chaque fois dans un nouveau personnage / corps / costume avant de brosser un récit autour, ici raconter une page de l’âge de pierre, là les démêlées gaulo-romano-égyptiennes, d’investir la magie des fêtes ou le monde du football. C’est jouer un primate guérissologue, Jules César, le père-noël ou un chien. Le plaisir de Chabat, acteur et créateur, se loge dans cet espace enfantin-là. Anthony Marciano l’a compris en le faisant jouer dans Les gamins, aux côtés de Max Boublil, le rôle d’un quinquagénaire en pleine crise de régression adolescente.
Et pourtant, malgré les apparences de films égocentrés voire de petit caprices régressifs, il y a toujours de la place pour les autres personnages, c’est ce qui s’avère être le plus beau chez Chabat, en fin de compte. Il suffit de se rappeler le nombre de personnages et à fortiori de célébrités qui nourrissent Mission Cléopâtre, c’est un vivier hallucinant. Il a beau incarner César, en temps d’apparition à l’écran il est loin d’être le premier. Didier c’est moins évident mais c’était déjà le cas puisque Bacri, l’agent bougon et l’amoureux maladroit, est formidable ; Isabelle Gélinas est merveilleuse. Et tous les seconds rôles, entre Soualem, Abelanski, Lauby, Balasko, Dieudonné, ont chacun leurs instants de grâce. Sans parler de la vanne autour du nom Hazanavicius, que Jean-Pierre improvise et donne à Didier, enfin Didje. Les deux Hazanavicius, Serge et Michel, sont aussi de la partie, l’un est joueur, l’autre consultant. Il y a toujours mille choses à voir dans les films de Chabat. C’est cette générosité qui fait plaisir à voir et à revoir.

Nombreuses répliques font partie de mon langage courant :


« Bon il est où ce con de chien là maintenant ? »
« Pourquoi vous grattez ? »
« J’adore ses costars à Richard »
« Mettez une jambe, une gambas… »
« Qu’est-ce qu’elle fait dans la vie, à part nichons ? »
« C’est aujourd’hui où tout le monde a décidé de me faire chier »
« L’arrêt du cul. Net. Sans bavure »
« Inoffensif, faut pas trop me chercher quand même »
« Ah ça me fait des bonnes journées avec toi »
« Houla, ça chicore la chicorette »
« Je sais pas chez toi, mais chez nous on a un sacré paquet de connards »
Evidemment hors contexte c’est moins évident.


Et il y en a tant d’autres.

JanosValuska
7
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le 8 oct. 2019

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