Melting pot
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Alors que les films politiques s'enchaînent sur les thématiques anti racistes, plusieurs éclaireurs m'ont proposé un retour vers le passé, à savoir ce cas notable de "devine qui vient dîner", dont la structure très théâtrale trahit clairement une adaptation littéraire. Dans les années 60, un couple mixte homme noir / femme blanche (qui n'était pas encore un cliché) débarque à l'improviste pour rencontrer les parents de cette dernière, et ménager progressivement une rencontre familiale de haut niveau. Le racisme est-il encore parmi nous ?
Fort heureusement, la réponse se garde d'être manichéenne (et cela malgré le choix épouvantable de la musique du film, d'une mièvrerie à se défenestrer, -1 point). Le reste tient pratiquement du sans faute, dans la capacité du film à constamment nous tenir dans l'émotion de chacun des personnages, qui déploient tous leurs arguments d'une façon didactique, mais sans jamais rien oublier et ponctuant régulièrement de nuances leur vision. Quand les parents découvrent la couleur de peau, rien ne vient entacher la sincérité de leur désarroi, et jamais le film ne viendra salir volontairement les réactions d'un personnage (nous parlons essentiellement des pères, tous deux opposés à l'union). Tout au plus ménage-t-il une grosse contrariété pour amorcer de façon un peu simpliste la résistance du père, mais une fois amorcée, celle ci pointe régulièrement des arguments forts (le devenir des enfants, le clash culturel, l'incertitude de l'avenir...). Les attitudes s'épanouissent alors avec passion, et les monologues pénétrants sont déclamés à la chaîne. D'autant plus que le "racisme" (au sens de distinction péjorative) n'est pas à fortiori présent dans l'équation initiale, mais qu'il vient petit à petit se mêler du récit sur des bases qui n'ont rien à fortiori d'exagéré ou d'inapproprié. Aux objections pratiques, les tourtereaux n'ont plus que leurs sentiments comme seule garantie, ce qui peine déjà à compenser la précipitation. Mais toujours, l'initiative est au dialogue et au désamorçage du drame, conduite idéaliste qui fait pencher le film vers un modèle davantage qu'une simple tranche de vie.
Finalement limpide mais d'une rare intensité sentimentale, Devine qui vient dîner se regarde d'une traite et avec un plaisir certain, soucieux qu'il est de respecter chacun de ses protagonistes. Malgré ses circonstances régulièrement trop parfaites (homme noir instruit et d'un meilleur statut social que ses beaux parents / drame précédent venant doper son charisme maîtrisé / petit incident facilement dénonçable...), il tape dans le juste à chaque intervention et fait finalement un tour intense de son sujet, assez pour être nous aussi conquis quand l'heure vient de passer à table. Finalement subtil et bien amené, c'est un drame excellent qui ne voulait pas parler de racisme (et qui d'ailleurs emploiera très peu le mot).
Créée
le 8 juil. 2017
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