Plonger au cœur d'une époque c'est bien, mais pour instaurer une ambiance il ne suffit pas d'habiller les acteurs avec des costumes d'époque et de truffer les rues de voitures des années 60. Pour être raccords il faut jouer avec les lumières et la façon de filmer. Hors là tout est trop contemporain pour réussir à faire croire à l'année 1967. Kathryn Bigelow veut son film le plus réaliste possible, elle le souhaite même proche du documentaire, mais il sent le faux. Esthétiquement il ne tient pas la route, d'autant plus quand on insère de vraies images liées à ces évènements au film. Ce qui se veut apporter un peu de véracité se transforme en une véritable erreur. La chose vient un peu plus accentuer le décalage déjà présent. Alors effectivement d'un point de vue réalisation c'est punchy et l'action lors des affrontements de rues est efficace. Cette première partie sans être excellente tient la route, même si elle est trop longue. Et s'il y a un vrai sujet, Bigelow n'arrive pas à dépasser le stade de la répétition des scènes. Puis vient le point culminant de son film, l'instant où tout dérape. Ce moment elle le veut tendu et terrifiant. Si l'ignominie est bien présente ce que tente de créer Bigelow ne fonctionne pas, elle s'enlise même dans un truc à la limite du ridicule. L’imbécilité dont font preuve ces policiers est dessinée avec de gros traits, il est clair que la réalisatrice ne fait pas dans la dentelle. Elle veut faire dans le brut, mais l'horreur qu'elle souhaite dénoncer est loin d'avoir l'effet escompté. La scène à l’intérieur de cette maison s'étire encore et encore, pour devenir interminable. On comprend qu'elle veut rendre ce temps de calvaire aussi long pour le spectateur que pour ceux qui sont entrain de subir ces actes. Ça se révèle plus insupportable à suivre par la mauvaise tenue de la réalisatrice que par l'intensité et l'éprouvante horreur que vivent les personnages. Bigelow piétine son récit avec des gros sabots crottés. Et si seulement le film s’achevait après cet évènement, mais non elle continue avec le procès des flics, ce qui vient définitivement achever ce film à la construction catastrophique.