De jeunes garçons sont partis en Algérie. Ce sont des hommes qui en sont revenus, tout du moins aux yeux de leurs proches qui n'ont jamais rien su de leurs traumatismes enfouis. Adaptation du roman éponyme de Laurent Mauvignier, Des hommes commence bien des années après cette guerre qui ne disait pas son nom. Ce sont des voix off, se chevauchant parfois, qui vont raconter l'indicible à travers lettres de l'époque et souvenirs 40 ans plus tard. Le procédé est habituel en littérature avec des voix alternées, il est moins efficace au cinéma où il aurait tendance à créer une certaine confusion. Cependant, le sujet est fort, n'escamotant pas la sauvagerie des combats et des représailles, bien que restant dans une certaine "douceur" par rapport à la réalité, dixit Lucas Belvaux, le réalisateur de Des hommes. Au-delà des "événements" d'Algérie, le film est aussi une histoire de famille, complexe et torturée, laquelle aurait mérité davantage d'explications et d'approfondissements. Dense et intense, le métrage se révèle bien trop court pour son ambition, tout un pan de l'existence de ses personnages principaux, après les événements et avant la période contemporaine, passant à l'as, faute de temps pour le développer. C'est rare de le constater au cinéma mais une heure de plus n'aurait pas été de trop pour que Des hommes nous saisisse encore davantage. Tel quel, Depardieu, Darroussin et Frot n'ont qu'un laps de temps insuffisant pour incarner profondément leur rôle. Ils sont cependant impeccables tout comme les jeunes comédiens, plus ou moins débutants, qui jouent les appelés au moment de cette très sale guerre d'Algérie.

Cinephile-doux
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le 31 août 2020

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Cinéphile doux

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