Deathstalker II
5.9
Deathstalker II

Film de Jim Wynorski (1987)

Avouez-le, je vous avais fait rêver avec ma chronique de Deathstalker (1983), film d’heroic fantasy kitchissime et nullissime mais ô combien nanardesque, produit par l’inimitable Roger Corman. Et comme, dixit Rick, « Quand on commence une saga, on la termine », il était nécessaire, indispensable, que dis-je, vital même, que je voie ce deuxième opus d’une saga qui en compte quatre. Oui, ça va piquer, mais que voulez-vous, c’est mon côté aventurier ça… Mais surtout, ce Deathstalker II est le dernier représentant de la branche « Sword, Sex and Sorcery » de la maison de prod de Papy Corman durant les années 80, ce dernier préférant après cela se concentrer sur du sous Alien et autres créatures à la mode à l’époque, sans doute bien plus rentables. Quand l’appel du pognon à moindre coût est plus fort que tout… comme quoi The Asylum n’ont rien inventé, ils ont juste recyclé. Mais revenons à nos étrons et à ce deuxième volet de notre héros blondinet conanlebarbaresque toujours prêt à balancer une punchline bien moisie et à explorer l’entrejambe d’une demoiselle en détresse parce que, vous comprenez, l’appel de la nature est souvent plus fort que tout, surtout dans les productions fauchées du genre. Alors nous allons enquêter sur Deathstalker 2. Car oui, cette saga reste un bien grand mystère. Quatre opus tout de même, comment est-ce possible vu la qualité des deux premières bobines. Certes, en termes nanaristiques, ça se pose là, mais de là à en faire quatre volets, il y a de quoi se poser des questions.


Accusé : Jim Wynorski, récidiviste.


Acteur, producteur, scénariste et réalisateur américain né le 14 août 1950 à Glen, Long Island (Etats-Unis). S’est fait une spécialité dans les détournements et autres parodies érotiques de certains classiques du cinéma (La Créature du Lagon : Le Retour), dans les suites bas de gamme (Ghoulies IV) de films déjà bas de gamme, et dans des séries Z animalières produites pour la télévision (Piraconda, Dinocroc vs Supergator). Multirécidiviste puisque pas moins de 104 bousins au compteur, un vrai touche-à-tout du cinéma.


Accusations : Viol intellectuel du spectateur ayant engendré des lésions cérébrales
Divers témoignages récoltés ci et là ont tendance à prouver que le cerveau de ceux s’étant aventurés dans Deathstalker II a subi des dégâts irréversibles suite à son visionnage. Des phrases telles que « Best B-Movie EVER », « Hilarious ! », « Great » ou encore « Deathstalker II is a classic » qu’on pourrait traduire dans la langue de Molière « C’est trop de la balle », « Ça rox du poney » ou même « C d’la bebom ! ». Il est à noter que ces bouts de phrases ont été cités au mot près, ce film étant suspecté d’anesthésier l’esprit du spectateur à grands coups de plans nichons afin que qu’il ne puisse plus se défendre et ainsi avoir le champ libre pour la deuxième étape de son plan diabolique : faire drastiquement baisser les neurones et donner un air benêt avec un sourire en coin lorsque le générique de fin retentit afin que le spectateur se jette sur le troisième opus dès qu’il en aura l’occasion.


Arme(s) du crime : Voir liste (non exhaustive) ci-dessous


– Utilisation à outrance d’une de ses spécialités : des demoiselles se baladant constamment en très petites tenues dans le but d’affrioler le mâle en rut, avec avalanche de plans boobs complètement gratuits en deuxième partie de métrage.
– Détournement de scénario à l’origine sérieux pour en faire une comédie / parodie
– Utilisation du sacrilège en abandonnant le héros bodybuildé du premier film et de sa perruque blonde, en le remplaçant par le maigrelet John Terlesky arborant de vrais cheveux permanentés
– Abus de coupes de cheveux permanentés de manière générale.
– Abus de l’argument « Manque de budget » (400000$US) afin de réutiliser des décors (les couloirs de pierre) et des masques latex (les hommes cochons) du premier opus, de masquer les sbires et les figurants avec des masques ou des foulards afin de les réutiliser pour d’autres rôles plus tard dans le film.
– Abus d’un humour bon enfant voire complètement crétin, avec punchlines toutes pourries sous prétexte que c’est classe les punchlines
– Mise en images de scènes « d’action » à mi-chemin entre Bud Spencer / Terence Hill et Les Charlots, où l’intensité n’a pas sa place, avec non emploi d’un chef accessoiriste et du coup des armes factices recouvertes de papier aluminium pour leur donner un aspect métallique.
– Non-respect d’une des règles élémentaires qui est de refaire une scène quand celle-ci comporte un gros défaut du genre Deathstalker qui a du mal à sortir son épée du fourreau ou des archers tirant des flèches à deux mètres devant eux alors que le plan suivant on les voit exploser 20 mètres plus loin…
– Moment psychédélique faisant perdre au spectateur plusieurs dixième à chaque œil
– Insertion d’un plan nichon dans ledit plan psychédélique


Raclements de gorge


Tout d’abord, tous ces chefs d’accusation sont exacts. Et oui, objectivement, Deathstalker II est un très mauvais film, à l’image de son aîné. Mais comme son aîné, ce film n’est pas à prendre au premier degré, et il faut être aveugle pour ne pas s’en rendre compte. Ce film est un nanar pur jus et il faut le regarder en tant que tel. Tout est foireux dans ce film et c’est justement la raison pour laquelle il en devient complètement épique. Les gags sont tellement nuls que c’est parce qu’ils sont nuls qu’ils nous font rire. Le scénario est complètement nawak et les scènes s’enchainent parfois sans aucune transition, mais cela donne lieu à des moments tout bonnement WTF. Avouez que mettre dans un film d’heroic fantasy, même lowcost, un combat de catch entre notre héros permanenté et une femme forte en petite tenue plus grande que lui (l’ancienne catcheuse Dee Booher) qui rugit comme un lion enroué toutes les trois secondes, ça implique d’avoir un certain culot non ?


Nouveaux raclements de gorge


Oui c’est vrai, le tournage a dû être effectué en un temps record et du coup, ils n’ont même pas pris le temps de refaire des scènes (très) bancales. Mais que voulez-vous, quand on utilise la population locale qui passait par là pour incarner des zombies lors d’une attaque dans le cimetière le plus lowcost jamais vu à l’écran, il faut s’attendre à ce que certains d’entre eux aient des petits sourires en coin car, vous comprenez, Hollywood (du moins c’est ce qu’on a dû leur en raconter) est venu tourner un film dans un petit village argentin. Alors oui, les gens, ils sont contents, y’a du prestige. Même si c’est mal fait. Même si « tu feras gaffe Pedro, y’a ton maquillage qui se décolle là ». Même si le héros, en parlant à des hommes à tête de cochon, leur sort « La prochaine fois que je vous verrais, ça sera dans une assiette de charcuterie ». Vous n’y pensez pas vous à tout ça, au bonheur des locaux. Non, vous n’y pensez pas. Et sachiez messieurs les jurés que malgré les apparences, tout n’a pas été fait n’importe comment. Non ! John Lazar et John Terlesky se sont entrainés durant 15 jours pour leur affrontement final à l’épée. Oui messieurs, 15 jours. Et rien que pour ça j’ai envie de dire bravo. Et en plus, ils ont même mis un bêtisier durant le générique de fin, preuve s’il en est qu’il faut rire de ce film et ne pas l’incriminer de quoi que ce soit.


Alors je vous demanderais d’être clément avec Deathstalker II, ce film ne vous veut pas de mal. Il est ce qu’il est, et ne plaira qu’à un cercle très réduit de personnes élevées à l’école Nanarland. Car oui, nous sommes ici en présence d’un nanar haut de gamme, le digne successeur de Deathstalker premier de sa lignée. Alors s’il vous plait, si vous n’aimez pas les mauvais films qui font rire, laissez les tranquilles, car ils sont le péché mignon de certains.


Critique complète avec moult images et trailer ici :
http://www.darksidereviews.com/chronique_cons/film-deathstalker-ii-1987/

cherycok
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le 26 juil. 2018

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