Johnny B. Goode, pour ceux qui aiment lire en musique.
Ce qui me viens le plus à l'esprit après la séance, c'est la nécessité de bien replacer l’œuvre dans son contexte, ce que je n'ai peut être pas toujours su faire, étant né après la sortie du film. Car Dead Zone, à la croisée de deux des plus grandes œuvres de Cronenberg, s'ancre profondément dans les années 1980.
Adapté du roman éponyme de Stephen King, on est amené à suivre la destinée de Johnny Smith, professeur bienheureux dans une école primaire pour qui la vie suit son long fleuve tranquille. Amoureux de sa fiancée avec laquelle il compte fonder famille, épanoui dans son travail, sa rencontre fortuite avec un dix tonne rempli de lait vient mettre à mal ses projets. Plongé dans un coma de cinq ans, il s'en réveille pour se découvrir sans emploi, sa promise mariée et mère au foyer. Par dessus le marché, Johnny se voit attribuer des facultés de médiumnité. Tentant alors d'échapper à un don qui pourrait le tuer et à une vie qui lui a trop pris, il est confronté à un politicien sans scrupules, potentiellement génocidaire nucléaire. Sur la base de ses visions, Johnny s'interroge : doit-il le tuer ?
Ici tout rappel les années 80. De la coupe franchement hideuse des protagonistes avant l'accident jusqu'à la qualité de l'image qui, de prime abord, peut repousser. Cela n'empêche en rien d'admirer la mise en scène froide, glaciale qui accompagne au long de l’œuvre le malaise de notre protagoniste principal, brillamment campé par un Christopher Walken tout en retenue et en subtilité, nonobstant quelques grimaces dispensables. Tourmenté, brisé, il prend peu à peu conscience du rôle qui lui est dévolu.
Le réalisateur accompagne idéalement cette évolution longue, faîtes de fuite et de déni, Johnny résistant à l'inéluctable pour finalement se résoudre à l'impensable. Néanmoins, de cette manière de procéder résulte un rythme haché, une tension constamment désamorcée. La faute peut être au choix de procéder par ellipses et analepses qui bouscule la narration. La psyché de Johnny ainsi que sa qualité de médium impose un tel choix de montage et de mise en scène mais cela se fait au détriment du suspens, produisant certaines lenteurs peu désirables. Signalons au passage la performance d'un Martin Sheen très à l'aise dans le costume du politicien violent et corrompu.
Par contre, la relation entre le personnage campé par Walken et sa fiancée, Sarah (Brooke Adams) m'est apparue comme empruntée et malsaine. La dynamique en est l'attirance, sensée être réciproque entre les anciens amants. Or la seule attirance semble être celle d'un Walken sans cesse torturé par une Sarah sadique qui se plaît à venir lui agiter son bonheur à la figure tout en le maintenant à son crochet à coup de papouilles hypocrites.
Le film est à voir, surtout si on aime Stephen King, ce qui n'est pas mon cas. Reste qu'il n'a pas su me conquérir, la faute à un rythme lent, trop lent, au détriment du suspens et qui m'a empêché de rentrer dans l’œuvre, malgré des acteurs plus que convaincants.
Il n'empêche que je poursuivrai avec d'autres œuvres de Cronenberg, car il me tarde de découvrir son univers.