SPOILERS


Jim Jarmusch signe avec Dead Man un western en noir et blanc atypique, puisque philosophique ; une sorte de parcours initiatique, mais à la mort...


Le parcours de William Blake, jeune comptable de l'est américain (Cleveland) fraîchement engagé par une société de la côte ouest, et arrivant par le train dans lequel un homme barbouillé de suie lui prévoira l'enfer. Le problème, c'est qu'il arrive avec un mois de retard et qu'un autre comptable a été engagé à sa place entre-temps ; et ce n'est pas avec l'expéditif patron de la boîte que les choses risqueront de s'arranger... Pourtant, malgré son chapeau vissé, ses lunettes d'intello, et "son costume de clown", le jeune et apparemment peureux William Blake aura au moins eu le mérite de ne pas se démonter. Décontenancé, le jeune homme filera noyer en ville son chagrin dans l'alcool. Il y rencontrera une magnifique jeune femme, catin reconvertie, qui changera sa vie à jamais...


L'épilogue de cette "passade" offrira au spectateur l'instant poético-romantique du film, une étoile filante - la sienne probablement - survolant un parterre de roses de papier embourbées. Une jolie métaphore. Mais notre jeune homme ne se trouvera pas au mieux lorsqu'il se réveillera sous le couteau d'un indien. Un indien philosophe qui le prendra par la suite pour la réincarnation du poète homonyme, et préférant être appelé "Personne" tandis qu'il insultera à tout bout de champs les "pauvres cons de blancs". Par la suite, des types pas très cools seront rapidement mis aux trousses de William, avec à leur tête un incestueux violeur cannibale... Rien que ça !


Tiens, y a Iggy Pop qui cuisine des fayots fringué en meuf pour ses deux potes... T'y crois toi ? N'empêche qu'avec sa tête de premier de la classe, William n'a toujours pas de tabac sur lui - parce qu'il ne fume pas... En revanche, le Dead Man commence aussi à savoir faire parler sa poésie, à épouser la nature (très jolie scène avec le faon), afin de retourner là d'où il est venu - mais pas à Cleveland. Plutôt là où les rites indiens l'enverront traverser le miroir de l'océan, dans un final assez somptueux.


Un western lent, un poil "gore", et intéressant dans l'ensemble, même si pour ma part je n'ai pas retenu grand-chose de la philosophie de l'indien... Il y a cependant deux-trois trucs qui font que Dead Man ne fonctionne pas totalement sur moi. La BO déjà... Pas vraiment ma came, elle se répète et m'ennuie plus qu'autre chose. Johnny Depp n'en impose pas vraiment non plus. Ceci dit, il y a suffisamment de bonnes idées, de rebondissements, de poésie, et de profondeur dans ce western à l'ambiance si particulière, pour passer un bon moment.


7,5/10

RimbaudWarrior
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le 11 mai 2016

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RimbaudWarrior

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