Oscillant avec brio entre science-fiction et fantastique, Dark City convainc sans peine...

Il ne serait pas malvenu de qualifier Dark City de pièce maîtresse de la filmographie d’Alex Proyas, tant le film, bien qu’au final plutôt méconnu (comparé à un certain M…), soit une référence incontournable de science-fiction. Mais avant de débuter, impossible de ne pas aborder le parallèle entre Dark City et le cultissime Matrix, sorti un an plus tard : alors oui, on décèle des similitudes entre ces deux œuvres majeures en terme d’univers (dotés de plusieurs facettes), et l’on pourrait dire du long-métrage de Proyas que celui-ci a servi de précurseur en la matière.

Cependant la comparaison s’arrête ici pour moi, car il est indéniable que ces deux bijoux de science-fiction sont finalement en tous points dissociables, chacun se voulant marquant à sa manière.

De ce fait on note que Dark City verse plus volontiers dans le fantastique, et ceci se ressent derechef au travers d’une ambiance des plus particulières : en effet, on est littéralement happé dans cette atmosphère si noire, nocturne même, le récit évoluant au sein d’une cité plongée dans une nuit éternelle.

Le ton est donc plutôt lugubre, et agrémenté d’une BO taillée sur mesure, rendant d’autant plus pesant et captivant un tel environnement ; on peut d’ailleurs rendre hommage à une réalisation visuelle des plus louables, qui malgré les affres du temps nous aspire avec un réel brio au sein de cette cité aussi obscure qu’énigmatique.

Il convient donc de souligner le style graphique excellent et original de Dark City, qui se veut donc bien plus que satisfaisant dans sa forme ; néanmoins, le fond n’est nullement en reste, oh que non, le long-métrage brillant tout autant de par son scénario en avance sur son temps.

J’en profite d’ailleurs (comme beaucoup) pour vous conseiller le visionnage de la version Director’s Cut, qui outre sa durée allongée vis-à-vis de celle au cinéma, est d’autant plus intéressante : celle-ci maintien en effet le mystère autour de cette cité ténébreuse, ainsi que l’ambiguïté concernant certains protagonistes-clé de l’intrigue (le docteur Schreber avant tout), qui ne s’en retrouve ainsi que plus prenante.

Bref, Dark City se veut attrayant de bout en bout, et parvient également à dépasser son postulat de départ (la part fantastique dirons-nous) pour verser avec efficacité dans d’autres thèmes (l’amour, entre autre et surtout, aussi beau que désespéré au sein d’un tel monde) ; il en résulte d’ailleurs un rythme fluctuant, osant quelques instants plus calmes au cours de l’avancée du récit… et de l’éclaircissement des nombreux éléments d’intrigues.

Et, avant de conclure, il convient de louer la qualité des diverses interprétations, celles-ci ayant le mérite de rendre les personnages attachants bien que pas vraiment approfondis (mais cela s’inscrit dans la logique du scénario, aussi on ne déplore pas trop l’absence de figures crevant l’écran) ; en clair chapeau bas au trio Sewell/Hurt/Connelly, tandis que Kiefer Sutherland arrive à tirer son épingle du jeu.

En conclusion Alex Proyas signait en 1998 une référence de science-fiction/fantastique : ceci au gré d‘une réelle innovation scénaristique, d’une approche visuelle atypique mais excellente, et avec l’apport d’un casting aussi surprenant que brillant.

Seul reproche formulable : Dark City aurait gagné à explorer un peu plus son univers si intrigant… d’autant que le résultat est déjà à la hauteur de nos espérances !