Ma grand-mère, que je cite parfois dans mes chroniques, avait le sens de la formule. Je suis certain qu’en sortant de la projection elle se serait exclamé : « Pfiu, cha aurot pu ête bieau, mais là ch’é vraimint cucul la praline ! » Car le destin tragique vécu par Lily Elbe se transforme ici en une espèce de mélodrame pantomimique dont Eddie Redmayne est le principal responsable.


En transposant à l’écran l’incroyable parcours du combattant qu’a vécu Einar Wegener pour retrouver sa véritable identité (Lili), Tom Hooper a voulu y mettre les formes. Copenhague est filmé façon vidéo de promotion d’un voyagiste, il révèle un nombre impressionnant de décors art déco magnifiques pour bien nous replonger dans l’ambiance, et laisse le soin à Eve Stewart, sa décoratrice de compléter les décors souvent somptueux (cave d’artistes parisienne, salle d’opération, intérieurs danois..). Peut-être a-t-il jugé que cela était suffisant, car au niveau mise en scène c’est plutôt art ancien, l’académisme à tout va. Peut-être aussi s’est-il dit que la seule performance de son acteur comblerait les manques, conforterait la dramaturgie et viendrait illuminer son film.


Seulement voilà, Eddie Reydmane montre ici les limites de son talent. Il avait, il est vrai, impressionné l’année passée avec sa belle prestation dans « Une merveilleuse histoire du temps ». On ne pouvait penser qu’il la resservirait sur le film suivant. Même sourire, mêmes mimiques, même gestuelle, avec en plus une féminisation que certes demandait le rôle, mais portée ici à l’excès, et disons le à la limite du supportable ! On se rend compte alors que sa palette de jeu est quand même très limitée et s’il devait demain jouer un autre rôle à Oscar, il s’y prendrait toujours de la même manière ne sachant faire autrement.


Cette écrasante présence, vient dénaturer le reste de la distribution où seule Alicia Vikander s’en tire, Ben Whishaw, et pire Matthias Schoenaerts n’étant que des faire-valoir.


A la place de ce film totalement aseptisé, on se met à rêver au projet que portait Nicole Kidman, qui un temps, voulait incarner Lily, avec un bon réalisateur (dans le genre indé), il est certain que l’hommage porté à cette femme incroyable aurait été à la hauteur de son courage.


Là, c’est plutôt de la guimauve, ça colle aux yeux et ça donne des hauts le cœur !

Fritz_Langueur
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le 24 janv. 2016

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Fritz Langueur

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