Il en faut, de la patience, pour arriver à la partie intéressante de ce film. Heureusement, il y en a une, au moins. Avant d'y parvenir, il faut assister à toutes les tergiversations intimes du protagoniste, jadis à l'aise en tant que mari et peintre paysagiste à succès, et désormais phagocyté par la femme refoulée en lui. Il nous faut être témoin du moindre tressaillement de sa chair fébrile, le regarder minauder à mort - c'est exaspérant chez n'importe qui, de n'importe quel sexe -, subir tous ses petits sourires de martyr et ses œillades de biche tandis qu'il se tord les mains ou prend la pose... bref, que c'est long ! Heureusement, il y a le personnage de sa femme, en contrepoint, aussi naturel qu'il est maniéré, la peinture, mais aussi l'Art Nouveau et les jolies lumières danoises. On arrive finalement au nœud de l'intrigue, la très avant-gardiste opération qui va permettre au jeune homme d'embrasser enfin physiquement la personnalité qui est la sienne depuis le début. Une petite incursion dans les hôpitaux de l'époque ou dans les cabinets de psychiatres qui abusaient de la camisole rend les choses bien plus intéressantes. Et la progressive transformation anatomique s'accompagnant d'une éclosion psychologique ne manque pas non plus d'attraits. Jusqu'à une fin pas si conventionnelle que ça, baignée de lumières onctueuses et frisquettes, qui laissent une assez bonne impression de l'ensemble. On n'échappe pas aux traditionnels panneaux de fin qui ancrent l'histoire dans le réel, mais sans les sempiternelles photos des personnages historiques, et c'est une bonne idée parce qu'elle permet de rester sur la performance de l'acteur (qui en fait des louches, quand même, mais finit par camper là une personnalité mémorable). Et puis il y avait un super petit chien, et ça, ça invite à l'indulgence.