Électricien de profession et rodéo dans l'âme, Ron monte les femmes comme il monte les taureaux, avec une violence mue par un masochisme intériorisé, entre quelques rails de coke et rasades d'alcool. Suite à un incident de chantier, les médecins lui annoncent à l'hôpital qu'il est séropositif au VIH. Ils estiment qu'il lui reste trente jours à vivre. Ignorant d'abord la sentence, le cow-boy entreprend assez vite de se battre contre le VIH, et par là-même contre ses stéréotypes. Un combat tout d'abord personnel qui prend très vite la forme d'une lutte collective et politique contre l'industrie pharmaceutique.

Tirée d'une histoire vraie, "Dallas Buyers Club" bénéficie du talent incommensurable des deux acteurs principaux, Matthew McConaughey et Jared Letto. Ils incarnent, autant physiquement que par leur jeu complexe et juste, Ron et Rayon, deux grandes gueules et compagnons de mauvaise fortune dans la maladie. La performance de Matthew McConaughey est remarquable, lui qui a sculpté ou plutôt laissé fondre son corps pour interpréter Ron. Il est ce cow-boy, misogyne hétéro, blanc, texan, produit de son environnement toxique duquel il va finir par s'extraire par survie et parce qu'il a un bon fond (il est celui, le seul, qui appelle l'ambulance quand un travailleur clandestin a un accident de chantier, envers et contre les possibles conséquences). Businessman, il trouve en Rayon un associé du même panache, que l'air texan semblait pourtant opposer. Jared Letto fait avec brio de Rayon un personnage qui respire la délicatesse, parfois forte et tonitruante, parfois fragile et désespérée.

Associés par défaut, ils créent ensemble le Dallas Buyers Club, un de ces clubs offrant à leurs adhérents des médicaments moins toxiques que l'AZT, produit poussé par l'industrie pharmaceutique du DFA, le seul autorisé par celle-ci. De cette entente de circonstance naît une amitié sincère, qui se traduit par des scènes d'une grande humanité, pleines d'humour, de chaleur humaine, de compassion et d'empathie. Le film sait aussi prendre le meilleur parti esthétique de la situation : la figure du rodéo, pratique devenue symbole du patriotisme américain, devient pour Ron une danse de la mort salutaire.

Nuwanda_dps
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le 17 nov. 2022

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Emilie Rosier

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