Ce qui faisait tout le sel de D'après une histoire vraie, écrit par Delphine de Vigan, était la mise en abyme de son propre personnage de romancière, entre réalité et fiction, autobiographie et mensonge littéraire. Ce trouble n'existe évidemment pas dans l'adaptation de Polanski qui reprend fidèlement les grands traits du livre sans avoir l'air de vraiment trouver de l'intérêt à son sujet. La tension entre l'écrivaine et sa nouvelle amie est très relative et contrecarrée par le jeu pesant d'une Eva Green qui roule des yeux comme une vilaine sorcière. Point de fièvre érotique non plus dans les rapports entre les deux femmes et il vaut mieux passer sous silence le rôle anecdotique de Vincent Perez censé incarner un célèbre animateur d'émission littéraire. Inutile de faire référence non plus au formidable The Ghost Writer où tout l'art subtil de Polanski éclatait avec une mise en scène chatoyante. D'après une histoire vraie n'est pas un désastre total parce que Emmanuelle Seigner semble y croire et qu'elle n'hésite pas physiquement à se mettre en danger. Mais cela ne fonctionne pas y compris quand le film se teinte de fantastique avec un dénouement faible qui laisse vraiment sur une impression de gâchis d'un thème que le réalisateur aurait traité de façon bien plus efficace et fine il y a de cela ne serait-ce que quelques années.