Grands pieds, grandes chaussures

A l'heure où elles sont un peu passées de mode hors période de Noël, il me semble intéressant de se pencher sur cette comédie romantique plutôt réussie.
D'abord, il y a évidemment un tandem quasiment parfait. Julia Roberts vraie star des années 90 était idéale pour incarner cette star dont la vie sentimentale est chaotique, pourchassée par les tabloïds, enchainant les succès au cinéma. C'est à peine un rôle, presqu'une tranche de vie. Hugh Grant, jeune premier sur lequel le temps ne semble pas avoir d’emprise est un libraire très crédible dans sa vie sans relief entouré d'une bande d'amis tous plus loosers les uns que les autres mais très sympathiques. La palme revient au colocataire déjanté (incarné par Rhys Ifans qui semble se régaler dans ce rôle) et gaffeur mais qui cache une grande sensibilité.
La star pousse la porte de la petite librairie et l'improbable rencontre se produit. L'histoire aura finalement peu de rebondissements et se terminera sans surprise mais la mise en scène est efficace, parfois inventive (comme ce long travelling qui travers les saisons dans le quartier de Notting Hill), le scénario repose surtout sur l'atmosphère générale et l'intérêt qu'on porte naturellement aux deux acteurs principaux qui jouent d'une manière relativement sobre, surtout Julia Roberts qui montre ainsi le contraste entre la vedette et la personne ordinaire. Elle résume d'ailleurs assez bien le problème de la plupart des célébrités en citant la fameuse phrase de Rita Hayworth: ""Les hommes couchent avec Gilda, mais se réveillent avec moi." Quant à Hugh Grant, il a droit à ses habituelles hésitations qui l'ont rendu célèbre et irrésistible ainsi qu'à quelques répliques touchantes . Il y a aussi une superbe chanson de Charles Aznavour (she) pour ponctuer le tout et provoquer l'émotion attendue.
Alors bien sûr on n'échappe pas à la niaiserie habituelle, à plusieurs passages peu crédibles, mais c'est le lot de toutes ces histoires et on n'a que ce qu'on mérite puisqu'on est venu voir une comédie romantique. L'essentiel est qu'elle se termine bien après nous avoir mis la larme à l'oeil. C'est réussi.