J'ai vu pas mal de gens sur Twitter décrivant Coporate comme un "superbe trailer coup de poing" ou "un film poignant". Bizarre, j'utiliserais plutôt un autre mot en -ant pour le décrire.
Corporate n'est pas un bon film. Ce n'est même pas un bon téléfilm. C'est réalisé avec un je m'en foutisme assez incroyable, la photo est dégueulasse, c'est pas très bien joué non plus. Et puis ce scénario. Ce scénario. Mais qui a envie de suivre quelqu'un comme le personnage principal pendant un film ? Quelqu'un de foncièrement mauvais, qui ne se repent vraiment jamais, qui se découvre une conscience uniquement quand son entreprise essaye de lui faire la même chose qu'elle a fait au salarié qui s'est suicidé ? Pourquoi avoir choisi de suivre cette femme alors que ça aurait sans doute été mille fois plus intéressant de suivre le personnage de l'inspectrice du travail ? Corporate essaye de nous faire ressentir quelque chose pour le personnage principal, de la faire passer pour un lanceur d'alerte ou je ne sais quoi, mais la vérité c'est que c'est une ordure. Une ordure qui a poussé quelqu'un au suicide.
De plus, on a jamais aucun contexte, aucun. On comprend vite fait que les personnages travaillent pour un ersatz de Danone, mais rien n'est fait pour nous expliquer leur fonction à chacun ou pour nous faire comprendre leurs motivations. Montrer l'entreprise comme un environnement inhumain, d'accord, mais regarder des silhouettes pendant tout un film ça me fait quand même sacrément chier. Et à côté de ça on se retrouve avec un tas de scènes inutiles, un mari anglais sans raison, et des dizaines de scènes complètement inutiles qui ne mènent absolument nulle part. Le rythme déjà très lent s'en retrouve encore plus étiré, et on a l'impression que ce film d'1h30 en dure une de plus. J'aurais encore pu comprendre ça si Corporate était l'adaptation d'une quelconque histoire vraie, mais non. Alors pourquoi ne pas avoir rajouté des péripéties, des menaces plus concrètes de l'entreprise, avoir travaillé la tension ? Non, au lieu de ça Corporate se contente d'enfoncer des portes ouvertes sans talent, et de nous faire bâiller au passage.