Solitude et bande magnétique quart-pouce
Ouch !
Cela faisait fort longtemps qu'un film ne m'avait pas fait une aussi grande impression, en fait cela faisait encore plus longtemps qu'un tel film ne m'avait pas autant frappé. C'est une belle mandale dans les dents.
Porté avec brio, justesse et pudeur, ce film distille une aura de mystère douce, d'intimité et de discrétion. Intelligent, le film nous prend d'abord par sa bande originale, toujours délicieusement dosée et adaptée à la situation, reprenant les films de gangster et de détective pour toujours conserver cette éternelle solitude et ce mal-être permanent du personnage principal, la caméra elle-même est parfaite, éteignez le son et vous verrez que vous pourrez toujours suivre, faites de même avec l'image et l'histoire garde son sens car ces deux éléments jouent en permanence la même partition cinématographique, interprètent la même mise en scène, parfois à l'unisson, parfois en canon, et même parfois en accords opposés et sont toujours parfaitement dosés à l'instar de l'acteur principal. Sombre et noir, le film s'interroge tout du long sur le paradoxe de l'espion parfaitement asocial et qui vit caché pour exhiber ce qui se cache.
Parfaitement ancré dans son temps il fait une petite référence à Captain Crunch, l'un des tout premiers pirates alors porté sur la téléphonie.
Il y aurait tant de choses à dire sur ce film, mais ce serait gâcher une partie de l'expérience, et malheureusement s'il y a bien une chose dont ce film a besoin c'est du jeu du spectateur, que celui-ci s'interroge sur le propos du film, qu'il cherche à trouver les liaisons, qu'il découvre les évènements avec le personnage.
Avec une mise en scène d'une rare justesse et un propos tranchant par son orientation alors originale et semble trouver un deuxième écho à l'heure du numérique et de la communication permanente.
Du grand art.
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